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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



31 mai.


La discussion de la loi de séparation de l’Église et de l’État s’est poursuivie pendant ces derniers jours à la Chambre dans une grande confusion. Les dernières séances ont été à la fois si passionnées et si embrouillées qu’il en est résulté pour presque tout le monde, sinon un grand découragement, au moins une grande lassitude. Le débat se passe entre quatre ou cinq orateurs qui comprennent certainement ce dont il s’agit ; mais le reste de l’assemblée s’y perd. Le sentiment le plus général est la surprise. On ne s’attendait évidemment pas à ce qu’une réforme que l’on croyait toute simple soulevât tant de questions ardues et lit naître tant de difficultés. Les âmes candides de la gauche croyaient qu’il suffirait de supprimer le budget des cultes et de dénoncer le Concordat ; après quoi l’État cesserait de connaître l’Église et n’aurait plus à s’en occuper. Combien les choses se présentent aujourd’hui sous un aspect plus complexe ! Personne n’avait prévu tout ce que contenait ce cheval de Troie.

Nous avons laissé la discussion après le vote de l’article 4, qui indique les conditions dans lesquelles aura lieu ce qu’on a appelé la dissolution des biens des fabriques. Les biens dont l’Église a disposé jusqu’ici se divisent en deux catégories. Les uns sont incontestablement des biens de l’État, des départemens ou des communes : ce sont les cathédrales, les églises, les palais épiscopaux, les presbytères, etc. Les autres sont des biens qui, provenant de dons faits avec affectation spéciale à l’exercice du culte, appartiennent non moins incontestablement aux fabriques. Ce sont ceux-là que les fabriques