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dans la zone nuageuse sont essentiellement électriques. On tend à admettre aujourd’hui que ceux qui sont produits dans les canons paragrêles ont un caractère analogue. Il est permis d’admettre, avec M. J. Violle et avec les physiciens au courant des récentes acquisitions de la science, que le tir contre les nuages ne fait pas autre chose que de rétablir l’équilibre électrique dans le ciel. Les canons, les fusées et les bombes agiraient sur l’état électrique par les gaz chauds et ionisés auxquels ils donnent lieu. Les appareils paragrêles fonctionneraient alors comme de véritables paratonnerres opérant au sein même des nuages.

La lutte contre la grêle se trouve ainsi ramenée à ce qu’elle était au temps de ses premiers débuts : la pratique du jour se confond avec celle que les physiciens préconisaient au commencement du siècle dernier. Ce qui serait efficace dans le bombardement des nuées orageuses, ce n’est rien de ce que s’étaient proposé ses inventeurs : ce n’est ni l’ébranlement de l’air, ni ses vibrations sonores, ni l’action mécanique du tourbillon gazeux, ni le choc de l’espèce de couronne giratoire produite par la détonation. L’action serait due à une modification apportée dans la conductibilité électrique de la masse orageuse ; l’effet réalisé inconsciemment serait un effet de paratonnerre.

Arago avait cherché jadis à obtenir, mais cette fois d’une manière consciente et voulue, un résultat de ce genre : il proposait de lancer vers les nuages des ballons reliés au sol. Le moyen était excellent en théorie, mais il était en réalité impraticable et d’ailleurs il n’a pas été pratiqué. Mais il y en a un autre qui n’est que l’application de la même idée et qui a été l’objet de nombreux essais aux environs de 1850. On construisait alors des paragrêles qui n’étaient autre chose que des paratonnerres véritables. C’étaient des perches hautes de 12 à 15 mètres, coiffées d’une pointe métallique à laquelle était attaché un fil de fer ou de cuivre qui descendait le long du mât et allait se perdre dans le sol. On s’imaginait que ces engins abritaient de la grêle un espace de rayon double de leur hauteur comme elles l’abritent en effet de la foudre » La supposition était toute gratuite : l’événement la contredit très vite ; les tentatives échouèrent.


VI

Des exemples, comme celui que nous offrent les canons paragrêles, d’une pratique empirique qui exécute, sans s’en douter, ce que veut la