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cas se réalise lorsqu’il y a mélange et brassage en grandes proportions des couches supérieures de l’atmosphère qui sont froides avec les couches chaudes inférieures. Le brusque abaissement de température qui en résulte préserve de la fusion la neige, le grésil et les grêlons formés. Il est possible que l’un des effets du tir soit de favoriser ce mélange.

Quant aux chutes de grêle véritable, le rapporteur a signalé leurs variations considérables d’une année à l’autre et même d’une série d’années à une autre. Pour le seul département du Puy-de-Dôme, par exemple, dans une série de six années, les chutes de grêle ont varié de 4 à 72 et pendant trois années de suite, de 1888 à 1891, elles se sont maintenues exceptionnellement rares.

Il faut être prévenu aussi de la distribution souvent capricieuse des chutes de grêle, dans le cas d’orages très étendus. On voit alors les champs de culture atteints et les parties indemnes s’enchevêtrer de façon très irrégulière. Il faut connaître cette particularité pour n’être pas exposé à juger de l’efficacité du tir des canons d’après les limites des chutes de grêle. Au contraire, il sera aisé d’apprécier cette efficacité si l’on suit la marche et l’évolution de ces orages moins étendus et parfois très limités qui parcourent dans un sens, généralement le même, des bandes étroites de pays. En leur barrant la route sur une certaine profondeur, on pourra juger, par l’événement, de la puissance du tir au canon pour modifier leur marche, et de la réalité de son activité désorganisatrice.


V

C’est maintenant à la physique qu’il faut demander si elle permet de concevoir l’action favorable que l’on attribue aux canons paragrêles. Les notions anciennes ou récentes qu’elle nous fournit sur les nuages orageux et sur la manière dont s’y forme la grêle sont-elles compatibles avec la possibilité de désorganiser l’orage et d’empêcher la production des grêlons au moyen d’un tir à blanc ? Les énergies mécaniques immenses mises en jeu dans ces phénomènes sont-elles susceptibles d’être maîtrisées par le jet, mécaniquement insignifiant, de quelques tourbillons d’air chaud lancés vers le ciel par les tromblons coniques ?

L’hypothèse ainsi proposée perdra son apparence paradoxale ou absurde, si l’on veut bien réfléchir au rôle de l’électricité dans tous ces phénomènes. On sait depuis Franklin que ceux qui se déroulent