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années a remédié en partie à ce défaut. Il faut reconnaître que leur enseignement semble concorder avec celui des débuts et justifier les interprétations favorables, mais jusque-là un peu en l’air, des premiers observateurs.

En tout état de cause, on aperçoit la nécessité d’une connaissance préalable de l’histoire naturelle des orages à grêle et de leur histoire physique. Il faut savoir le degré de fréquence des chutes de neige, de la formation des grêlons mous, et autant que possible les causes et les effets qui entrent en action. C’est ce travail qui a été amorcé, dans ces dernières années, par les efforts des physiciens et des météorologistes.


IV

Sur l’histoire naturelle de la grêle et des orages à grêle, le rapport du Congrès de 1901 nous fournit de précieux renseignemens. M. Plumandon a recherché, en particulier, si les chutes de neige qui accompagnent ces orages sont aussi rares qu’on l’a prétendu.

Il ne s’agit, bien entendu, que des chutes de neige qui se produisent dans des pays de vignobles, pays de plaines ou de coteaux d’une altitude modérée. Les régions montagneuses ou les pays septentrionaux sont hors de cause puisque la vigne n’y vient pas, qu’on n’y pratique point le bombardement des nuages orageux, et qu’il n’y a dès lors pas lieu de chercher si le tir accroît ou non la fréquence du phénomène. On sait d’ailleurs que, dans ces régions septentrionales ou élevées, les orages à neige sont fréquens et d’autant plus que l’on s’éloigne davantage du cœur de l’été, et que l’on remonte plus haut en latitude ou en altitude. Mais en France même, sur les coteaux cultivés en vignes, du Rhône, du Beaujolais et du Maçonnais, il est rare qu’une année s’écoule sans qu’on observe de chute de neige à la suite d’orages. Dans cette région, les Annales du Bureau central météorologique ont enregistré trente-deux orages neigeux en l’espace de sept années, de 1891 à 4898 ; et il s’en faut que le service météorologique les signale tous. — Il est vraisemblable que la chute de neige est un fait très général et qu’elle se produit même dans les orages qui succèdent à des coups de chaleur. La théorie indique, en effet, comme on le verra tout à l’heure, que la formation de la neige est l’antécédent naturel de la formation de la grêle. Si on ne l’observe pas plus souvent, c’est qu’en été, les flocons fondent avant d’arriver au sol.

Cette fusion n’a pas lieu quand le champ orageux est refroidi. Ce