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étendue. Ces organisations avaient poussé pour ainsi dire en une nuit comme des champignons ; ou, pour parler sans métaphore, elles s’étaient établies en moins de deux années. Il convient d’ajouter que beaucoup d’entre elles ont disparu tout aussi vite, par suite de leur mauvaise organisation ou d’autres causes accidentelles ; en 1904, il n’en subsistait plus guère qu’une cinquantaine. Mais celles-là, fortement constituées, ont résisté vaillamment. Elles comptent encore 1 200 canons environ tant en Piémont et en Lombardie qu’en Vénétie, en Emilie et en Toscane. Les canons paragrêles dont elles font usage sont chargés avec de la poudre de mine (180 à 200 grammes par coup) ; d’autres, utilisent la déflagration du mélange détonant formé par l’air et l’acétylène. Le constructeur de ces derniers appareils, M. Maggiora de Padoue, en a muni environ 250 postes. La détonation qu’ils produisent est plus vive, plus stridente, plus violente que celle du canon à poudre. Tous ces engins possèdent un assez fort calibre ; ils sont évasés en forme de cônes, et lancent une masse de gaz tourbillonnante qui prend la figure d’une sorte de couronne ou tore. Ils sont placés, sur le champ à protéger, environ à 600 mètres les uns des autres. Les plus grandes surfaces ainsi protégées sans discontinuité sont de 7 000 hectares à Castelfranco dans la province de Trévise, et de 4 000 hectares à Novare, en Piémont.

C’est cet exemple qui a été suivi en France. Sous l’impulsion de M. Chatillon, il s’est formé dans le Beaujolais un syndicat aujourd’hui composé de 28 sociétés. Leur prétention est de protéger une étendue de 12 000 hectares et elles disposent pour cela de 462 canons, la plupart de gros calibre évasés, coniques, atteignant 4 mètres de hauteur. La plupart sont des canons à poudre. Cependant on annonce l’apparition sur les champs de tir des canons à acétylène perfectionnés du système Labard et Charvet. — Ailleurs, dans la Côte-d’Or par exemple, on a employé d’autres engins encore : des fusées, des bombes, des explosifs divers. — Au moment de la décharge, on voit sortir de la gueule du canon une masse gazeuse d’où se détache une sorte de couronne de fumée qui se comporte comme un véritable projectile. Lorsque le tir a lieu horizontalement contre une nue à 200 mètres de distance on entend une sorte de claquement produit par le choc de cet obus gazeux.


En ce qui concerne la région du Beaujolais, les résultats des opérations de l’année 1904 ont été publiés récemment. Un éminent physicien, M. Violle, qui s’intéresse comme savant, et comme