Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/660

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

accrue : elle put enfin réaliser le vœu de ses anciens membres si patiemment poursuivi de génération en génération, et décider une distribution triennale de primes et de médailles pour récompenser « les Vignerons qui auront obtenu les meilleures notes sur leur travail ou sur l’introduction des plants nouveaux qu’on jugera avantageux pour notre vignoble. » (Art. 14.) La somme réservée à cet usage était alors fixée à 600 francs. Mais la fortune de la Société devait augmenter encore : les règlemens de 1873 laissèrent donc au Conseil la latitude de déterminer cette somme suivant les ressources disponibles.

Il n’y a pas lieu d’insister sur les détails des fêtes qui furent célébrées en 1851, 65 et 89. Elles ont été plus souvent décrites que les modestes parades du temps jadis ; et, si elles continuent à augmenter leurs splendeurs, leur plan ne change plus guère.

Dès 1851, pourtant, le livret commence à s’améliorer. La Confrérie avait eu l’excellente idée de choisir un poète « officiel. » Ce fut le Genevois Jules Mülhauser[1], auteur de poèmes patriotiques publiés en 1840 sous le titre d’Exil et Patrie et l’un des rédacteurs du Journal du Léman. Il s’entoura de collaborateurs comme Albert Richard, Marc-Monnier, Petit-Senn, Oyex. Son talent personnel, qui ne manquait pas d’ampleur, se déploya en alexandrins, dans les invocations du grand prêtre, dont le ton s’éleva. C’est lui qui s’avisa pour la première fois, — concession regrettable aux criailleries des piétistes, — de mêler un élément chrétien à cette fête symbolique, comme s’il était nécessaire d’expliquer aux spectateurs que Bacchus, Cérès et Paies ne sont pas de « vrais dieux. » Après l’invocation à la Patrie venait une sorte de prière, qui commençait par un solo du grand prêtre de Bacchus, continuait par un trio des trois grands prêtres et se terminait par un chœur.

Un musicien genevois, François Grast[2], avait composé une partition d’une bonne saveur populaire ; un autre Genevois, B. Archinard[3], régla et dirigea les danses, comme il devait le faire encore aux deux fêtes suivantes, et comme on espéra un moment qu’il le ferait encore cette année.

Les mêmes noms reviennent en 1865. Il y faut ajouter, du côté des poètes, ceux du Fribourgeois. Sciobéret, peintre

  1. 1806-71.
  2. 1803-71.
  3. Mort il y a quelques semaines.