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principe, jusqu’au catholicisme intégral ? Là, plus encore que tout à l’heure, toute prédiction serait téméraire. Je n’ignore pas quel amas de préjugés, d’intérêts, de faits historiques ou politiques, pèsent sur les esprits et les gênent pour faire ce que l’idée pure leur demanderait. Aussi préféré-je, cette fois encore, m’abriter derrière l’homme qui avait le plus qualité pour risquer un pronostic en semblable matière. Newman disait volontiers qu’il ne comptait pas sur la venue à Rome de la génération actuelle des Ritualistes ; mais il reportait son espoir sur leurs descendans. Dans la lettre déjà citée où il exprimait à Lake sa sympathie pour les Ritualistes et sa confiance dans le triomphe de leur seconde génération, il ajoutait : « A moins que, comme, en vérité, je l’espère et suis porté à le croire, cette seconde génération ne devienne catholique[1]. » Le Rev. Walworth, prêtre américain, était un jour en visite, chez le cardinal Newman, avec un prêtre étranger ; à cause de ce dernier, la conversation avait lieu en latin ; comme il était demandé si les Anglicans, déjà portés si loin de leur, point de départ par un courant mystérieux, ne le suivraient pas jusqu’au bout et ne finiraient pas par atteindre le plein catholicisme, Newman se borna à répondre ces deux mots : Spero fore[2]. C’est aussi par ces mots que je veux conclure : Spero fore.


PAUL THUREAU DANGIN.

  1. Memorials of Dean Lake, p. 259, 260.
  2. Reminiscences of a catholic crisis in England (Catholic World, de New-York, août 1899).