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n’aboutissent, malgré la courtoisie des délibérations, qu’à mettre en lumière d’irréductibles divergences. Tout est plus que jamais confusion, trouble et discorde. En février 1903, un incident vient encore augmenter l’irritation des protestans ; le Rev. Evans, vicar de la paroisse de S. Michel, Shoreditch, à Londres, menacé de poursuites par l’évêque, à raison de ses pratiques ultra-ritualistes, lui répond en se démettant et en passant à l’Eglise romaine, en compagnie de ses curates et d’un grand nombre de ses paroissiens. Cette conversion suivait de près une autre non moins retentissante, celle du Rev. Benson, fils du récent archevêque de Canterbury.

Nous voici en 1903 : près de quatre ans se sont écoulés depuis que la Chambre des communes a décidé de suspendre son action, afin de permettre aux évêques de montrer ce qu’ils étaient capables de faire par eux-mêmes. Les adversaires des Ritualistes croient le moment venu, pour le Parlement, de rentrer en scène, et ils lui demandent de remettre à son ordre du jour le Church discipline bill dont la discussion a été ajournée en 1899 et d’y joindre un autre projet présenté sur le même sujet. Leurs animosités se croient assurées de trouver de l’écho dans une assemblée qui n’est plus, comme jadis, uniquement composée de Churchmen et où siègent des protestans non conformistes, appelés à décider du gouvernement de l’Eglise dont ils sont les rivaux et les ennemis. Ainsi parvient-on, en mars 1903, à obtenir, par 51 voix de majorité, le passage à une seconde lecture. Succès, il est vrai, plus apparent, que réel. Ni la majorité, ni surtout le gouvernement qui sait l’inefficacité et le péril des coercitions en matière religieuse, n’entendent aller plus loin, si bien même qu’au bout de quelques semaines, M. Balfour peut déclarer, en pleine Chambre, que « les deux bills étaient morts. »

Après la session, on ne fait guère que piétiner sur place, sans avancer vers aucune solution. Les Low churchmen continuent leurs dénonciations, les Ritualistes, leurs protestations. Dans les rangs de ces derniers, il est vrai, l’harmonie n’est pas complète : on y discerne un essai de groupement des modérés qui ne voudraient pas être plus longtemps compromis par les esprits excessifs. Quant aux évêques, embarrassés et divisés, ils hésitent toujours à exercer une autorité dont ils doutent, et ils n’aboutissent, comme naguère, qu’à être attaqués des deux parts. Pour ajouter au trouble résultant de ce que certains clergymen paraissent trop