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du reste ce dernier déboire. Il mourut auparavant, le premier dimanche de l’Avent de 1882.

En somme, le primat avait assez vécu pour s’apercevoir du mal causé par sa politique, pas assez pour le réparer. Il laissait son Église dans un état de division, de confusion, de malaise dont on lui imputait, en grande partie, la responsabilité. Le parti religieux qu’il s’était flatté d’abattre, était toujours debout, ayant gagné en force, confiance et popularité. De l’aveu de tous, aussi bien des contemporains que de ceux qui jugent les événemens du point de vue de l’histoire, le Public worship régulation Act, son œuvre propre, avait été un coup absolument manqué, a conspicuous failure from first to last, comme a dit son biographe[1]. Un tel échec se conciliait mal avec les qualités d’homme d’État qu’on avait été longtemps habitué à prêter à ce prélat. Aussi un churchman distingué d’Amérique, visitant l’Angleterre, peu avant la mort de Tait, posait-il cette question à l’un de ses informateurs : « Comment se fait-il que le plus sage et le plus respecté de vos évêques soit l’auteur du plus impopulaire, du plus ridicule, du plus inefficace des actes modernes du Parlement[2] ? »


III

L’issue des poursuites dirigées contre Green et Mackonochie avait fait un si fâcheux effet que l’on ne paraissait plus disposé à en intenter d’autres et qu’une sorte d’accalmie semblait se faire dans le monde religieux. L’auteur d’une adresse présentée, en juin 1883, à l’English Church Union, se flattait d’entrer dans une période où cette association pourrait appliquer son activité à d’autres besognes que la défense juridique des ministres poursuivis[3]. Cependant, tout le monde n’avait pas encore désarmé, et, en février 1885, la trêve de fait fut rompue par de nouvelles poursuites engagées, toujours pour illégalités rituelles, contre le Rev. Bell Cox, vicar de S. Margaret, à Liverpool. Cette église, mise en vente quelque temps auparavant, avait été achetée par un groupe de laïques pour y appliquer le catholic ritual ; la paroisse ne comprenait pas d’autre territoire que le sol sur lequel étaient construits l’église et le presbytère ; la congrégation qui s’y

  1. Life of Tait, t. II, p. 227.
  2. Ibid., t. II, p. 186.
  3. History of the English Church Union, p. 262.