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juge légal, tandis qu’il décourage persévéramment tout effort pour le contrôler par le seul organe constitutionnel de législation laissé à l’Église. Et le résultat est que, tandis que toutes sortes de libertés sont allouées, dans l’Église, aux partis que l’opinion du jour sanctionne, on serre bien fort la vis au parti impopulaire, et l’observance rigoureuse et grotesquement partiale de nombreuses interprétations légales des rubriques est imposée par des pénalités, est prêchée et montrée comme le critérium décisif de la loyauté envers l’Église et de l’honnête obéissance à la loi.

Cela me semble injuste, inconstitutionnel et oppressif. C’est certainement irritant et impolitique. Mais mon seul moyen de montrer que je suis sérieux, en pensant et en parlant ainsi, est de quitter la haute position que j’occupe.

Vous penserez que, bien que je n’aie jamais désiré venir ici, c’est une chose sérieuse de quitter cette place, et de recommencer à chercher quelque chose pour soutenir ma famille. C’est une raison qui peut retenir. Une autre est que je désire très vivement ne rien faire qui ébranle la confiance dans l’Église d’Angleterre. Je n’ai pas foi dans le désétablissement. Je n’y vois rien que le triomphe présent du mal dans l’Église et dans la nation. Et tout mouvement d’un homme, même une simple démission, dans de telles circonstances, donne une secousse. Je suis donc dans une grande perplexité quant à ce que je dois faire, me souvenant que l’Église ne gagne jamais à ce qui paraît être inconsistance et lâche résignation chez ceux de ses ministres qui ont un enjeu considérable à perdre[1].


Church se laissa convaincre, non sans peine, que sa démission ferait plus de mal que de bien. Il y renonça. Mais qu’un serviteur aussi dévoué et aussi sage de l’Eglise d’Angleterre, se fût un moment demandé si cette démission n’était pas nécessaire, n’était-ce pas un signe caractéristique du trouble jeté dans le monde religieux et la condamnation la plus forte de la politique suivie ?


II

Que pensait de cette situation l’homme qui en était l’un des principaux auteurs, l’archevêque Tait ? Les faits avaient donné à ses prévisions des démentis d’une mortifiante clarté. Au témoignage même de ses amis, il n’aimait pas à avouer qu’il s’était trompé et à se reconnaître vaincu[2]. Toutefois, dès 1876 et 1877, deux ou trois ans à peine après le vote du Public worship Act, il était visible que sa confiance présomptueuse du début commençait à faire place à une impression de fatigue, de

  1. Life and letters of Dean Church, p. 258 à 260.
  2. Memorials of Dean Lake, p. 108.