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les Ritualistes. Lui aussi, il était surpris et un peu choqué de leurs idées et plus encore de leur manière d’être. Mais, en même temps, avec sa largeur d’esprit, avec son aptitude à sortir de son propre point de vue pour se placer à celui des autres, il ne s’obstinait pas à ne concevoir le Mouvement que sous les formes et dans les limites où il l’avait connu au début ; il apercevait le changement que ce Mouvement avait dû subir en passant de l’Université dans les paroisses, des scholars d’Oxford aux apôtres des quartiers populaires de Londres. Si cette forme nouvelle avait pour lui moins d’attrait, il en discernait cependant la raison d’être. D’ailleurs, quelque déplaisir que lui causassent certaines singularités ritualistes, il détestait davantage encore la politique qui prétendait étouffer un mouvement religieux et violenter les consciences, par des lois, des procès et des mesures de coercition. Aussi n’avait-il pas hésité, dès le début, à prendre parti, sinon pour les Ritualistes, du moins contre leurs persécuteurs, et à préconiser, en cette matière, une politique de tolérance, de liberté et de patience[1]. Lors de la présentation du bill sur le Public Worship, il avait signé une déclaration qui insistait sur le danger d’imposer une rigide uniformité dans le culte, particulièrement en ce qui touchait l’eastward position et les vêtemens ecclésiastiques ; non que, pour sa part, il eût goût à porter une chasuble ou une chape ; bien au contraire, disait-il, il eût trouvé ce costume « inconfortable ; » mais il comprenait « l’état d’esprit de ceux qui, par révérence pour la partie la plus élevée du service divin, ou par égard pour les usages anciens, désiraient porter ces vêtemens[2]. » Quand, en application du bill, les procès et les condamnations se multiplièrent, Church marqua plus fortement encore sa désapprobation. Ecrivant à un ami, ancien tractarien comme lui, lord Blackford, qui, ne voyant que certaines-extravagances ritualistes, approuvait la politique de répression, il exposait ainsi quel était son point de vue :


… Je ne puis voir dans les décisions législatives et dans les mesures prises pour les appliquer dans la présente crise, qu’un mauvais usage de la loi et une politique d’injustice envers un parti impopulaire qui a, je pense, autant à dire pour lui-même qu’aucun autre dans l’Église, qui a fait du bon service pour l’Église, et qui, provocant, comme il l’a été souvent, a été plus provoqué que ne le sont d’ordinaire les partis dans les

  1. Life and letters of Dean Church, p. 228, 243 et 244, 256.
  2. Ibid., p. 241, 242.