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Le Duc de Bourgogne ne se soumit cependant point sans résistance à cette décision. « Il soutint, dit Proyart, que c’étoit dans ces circonstances fâcheuses qu’il falloit se roidir contre les obstacles par la fermeté et la constance : « Puisque l’argent nous manque, ajouta-t-il, j’irai sans suite ; je vivrai en simple officier ; je mangerai, s’il le faut, le pain du soldat, et personne ne se plaindra de manquer du commode quand on verra que j’aurai à peine le nécessaire[1]. » Mais le Roi fut inflexible. Par une fausse conception de la dignité princière, il ne voulut pas admettre que son petit-fils figurât dans ses armées sans être entouré de l’éclat qui convenait à son rang. Il lui refusait ainsi l’occasion de déployer les rares qualités morales qui étaient en lui, et qui auraient fini par forcer au moins le respect. Le Duc de Bourgogne vivant en simple officier aurait fait oublier les fautes du Duc de Bourgogne chef d’armée. Ce n’était point son intérêt de le condamner à vivre de la vie inoccupée de la Cour, où, comme nous le verrons dans un prochain article, la Duchesse de Bourgogne, involontairement, brillait un peu à ses dépens.


HAUSSONVILLE.

  1. Proyart, t. I, p. 264.