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entend être bien avec toutes les puissances et mieux avec quelques-unes. Elle est mieux avec la Russie, qui est son alliée ; mais cela ne l’empêche pas d’être bien avec les autres puissances, sans en excepter aucune. Nous avons ou longtemps des rapports corrects, courtois, utiles, avec l’Allemagne : pourquoi n’y reviendrions-nous pas, s’il est vrai qu’on s’en soit écarté ? Quand on veut la paix, comme nous la voulons, il faut en pratiquer les mœurs, et nous sommes assurément tout disposés à le faire. Si ce sont également les dispositions de l’Allemagne, tout s’arrangera aisément entre elle et nous. Mais une lutte d’influence, comme celle que la mission de M. de Tattenbach parait vouloir inaugurer, ne peut que prolonger l’état d’anarchie et de barbarie du Maroc sans être profitable à personne, et les quelques avantages que l’Allemagne pourrait à la rigueur en tirer seraient une mince compensation de ce qu’elle serait la première à y perdre. S’il y a eu un malentendu, qu’on s’explique ; il se dissipera vite, et les relations des deux pays, établies sur une base plus solide, redeviendront ce qu’elles n’auraient jamais dû cesser d’être. Sur nos intérêts mêmes nous pourrons toujours nous entendre avec l’Allemagne, car ils ne sont nulle part hors d’Europe en opposition avec les siens. Il n’y a d’ailleurs que deux choses sur lesquelles il ne nous est pas permis de transiger dans nos rapports avec qui que ce soit, à savoir notre liberté et notre dignité.


FRANCIS CHARMES.

Le Directeur-Gérant, F. BRUNETIERE.