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REVUES ÉTRANGÈRES

Á PROPOS DU CENTENAIRE DE LA MORT DE SCHILLER


Briefwechsel zwischen Schiller und Goethe, nouvelle édition, précédée d’une préface de M. H. S. Chamberlain ; 2 vol. Iéna, 1905. — Schiller, Intimes aus seinem Leben, par Ernest Muller, 1 vol. illustré, Berlin, 1905.


Peut-être se rappelle-t-on encore que, le 28 août 1899, cent cinquante ans après la naissance de Gœthe, l’Allemagne entière a éprouvé le besoin de fêter à nouveau le centenaire de cette naissance, les événemens politiques de l’année 1849 ne lui ayant point laissé le loisir, cette année-là, d’honorer avec assez d’enthousiasme le génie d’un poète, et du plus indifférent qui fut jamais à toute politique. Mais la naissance de Gœthe a été, pour les compatriotes de l’auteur de Faust, un événement si heureux qu’ils ont bien raison de s’en réjouir aussi souvent que possible : tandis qu’on ne peut pas se défendre d’être un peu choqué de l’empressement qu’ils viennent de mettre, ces jours-ci, à célébrer de la même façon le centenaire de la mort de Schiller. Non pas qu’il n’y ait, à la rigueur, des morts dont le souvenir mérite d’être célébré : celles, par exemple, de faux grands hommes qui ont trop longtemps « encombré leur siècle, » ou encore celles de quelques vrais grands hommes qui s’en sont allés doucement au repos éternel, après avoir produit leur œuvre et vécu leur vie ; mais lorsqu’un poète meurt jeune, ou dans la force de l’âge, sans nous avoir tout donné de ce qu’il avait en lui, est-ce que nous ne devrions pas plutôt tenir sa mort pour un malheur public, et la déplorer en silence, ou même essayer d’en oublier la date ? Je me souviens qu’à Salzbourg, en