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et le cœur attachés l’un à l’autre par des ficelles tordues qui ont dû servir à les tremper dans la solution antiseptique. La momification de cette oie est vraiment extraordinaire ; elle date de 4 000 ans au moins, et cependant la peau a conservé toute sa souplesse et présente les papilles épidermiques avec toute leur netteté. L’épiderme est coloré en jaune clair par le natron résineux. Les bandelettes entourant cette pièce remarquable sont en toile d’une longueur de trois mètres et demi. Dans des coffres grossiers placés sur le sol sablonneux se trouvaient plus de deux cents pièces de viande conservées par le trempage dans le natron et présentant à peu près la même disposition que celles qui sont actuellement débitées par nos bouchers. Elles se composent exclusivement de quartiers de veau, de bœuf et de quelques fragmens d’os et de chair d’oiseau. Ces derniers ossemens et muscles plus ou moins brisés appartiennent tous à des oies. Parmi ces débris, on trouve des os de toutes les parties du corps, à l’exception de la tête, du cou, des extrémités des ailes et des pattes. Le bœuf et le veau ont fourni toutes les autres offrandes qui se composent de blocs de chair et d’os empruntés à presque toutes les régions du corps. Un certain nombre de muscles ou de fragmens de muscles ont été préparés isolément, c’est-à-dire détachés des os préalablement à leur mise en conserve. Ce sont des quartiers de chair salés et desséchés, portant, le plus souvent, la trace des liens qui ont servi à les suspendre pendant le trempage dans les saumures antiseptiques. La plupart des ossemens appartiennent à un bœuf de petite race, environ de la taille de celle de Syrie.

La tombe de Maher-Pra renfermait un mobilier funéraire des plus riches et des plus intéressans qui remplit actuellement plusieurs grandes vitrines du Musée du Caire. Mais elle contenait encore dix grandes jarres en terre, bouchées avec soin, pleines d’une matière pulvérulente jaunâtre qu’on soupçonnait être employée à la momification. Mon collègue à la faculté de Lyon, M. le professeur Hugounenq, a bien voulu en faire l’analyse exacte. Cette substance est ainsi composée :


Résine odorante 19
Débris organiques 3
Sable et argile 12
Natron, c’est-à-dire Chlorure de potassium 14
« Sulfate de sodium 22
« Sesquicarbonate de sodium 17