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cynocéphales. Ces fosses, malheureusement peu profondes, ont été à certaines époques envahies par les eaux : aussi, les momies simiennes sont-elles la plupart du temps très altérées. Toutes semblent avoir été préparées avec assez peu de soin. Quelques-unes sont ensevelies simplement dans les débris pierreux qui tombent de la montagne, ou bien sont renfermées dans de grossières caisses en bois, dans des sarcophages en terre cuite ; enfin d’autres, embaumées plus convenablement, après avoir été entourées de bandelettes trempées dans le bitume, ont été placées accroupies dans de grandes jarres, à la manière des momies péruviennes, les bras ramenés sur la poitrine et les genoux repliés à la hauteur du ventre. Dans ces sarcophages, nous avons trouvé souvent des fleurs et presque toujours de nombreuses graines de Balanites egyptiaca, dont les germes ont été soigneusement enlevés avec un instrument perforant, comme si on avait voulu éviter qu’une graine vivante pût germer dans un lieu habité par la mort.

Aucun objet, aucune inscription, dans cette vallée déserte et qui n’est jamais visitée aujourd’hui, ne nous a permis de préciser même approximativement la date de ces tombes. Nous avons trouvé cependant au milieu des rochers, non loin de là, une stèle d’offrandes brisée, sur le rebord de laquelle les égyptologues ont lu les cartouches du roi éthiopien Kaschta et de sa fille Amenritis de la XXVIe dynastie. Cette pièce, actuellement au musée du Caire, a-t-elle quelque rapport avec la nécropole des singes, c’est ce que nous n’avons pu savoir.

Dans le tombeau de Maher-Pra, à Thèbes, datant de l’époque d’Amenophis III, de la XVIIIe dynastie, on a trouvé une quantité d’offrandes funéraires constituées par des corps d’oiseaux ou par des fragmens de chair musculaire de mammifères momifiés par le trempage dans des solutions de natron résineux. Ces offrandes sont disposées dans neuf boîtes ayant la forme de petits sarcophages à couvercles, taillés dans des blocs de bois de figuiers sycomores. L’un d’eux renferme une oie de moyenne taille, privée de tête, mais qu’on peut très exactement rapporter à l’espèce encore commune en Égypte, appelée Anser albifrons. Les avant-bras et les tarses, le cou et la tête ont été enlevés absolument comme le font les cuisinières de nos jours, lorsqu’elles vont mettre une oie à la broche. L’animal a été entièrement vidé, et, dans l’intérieur de la cavité du corps, on a placé le gésier, le foie