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d’animaux nous ont été expédiées. Beaucoup des squelettes qui en ont été retirés ont pu être aussi bien montés que s’ils provenaient d’une espèce fraîchement tuée. Ces belles pièces, uniques jusqu’à ce jour, ont été renvoyées presque toutes au Caire où M. Maspero leur a donné un asile convenable dans une des salles du nouveau musée Egyptien. Là, elles sont mises sous les yeux du public et peuvent facilement être étudiées par les naturalistes et les égyptologues que ces questions intéressent. C’est donc à notre éminent et savant compatriote que le monde civilisé sera redevable de la conservation de ces documens aussi précieux au point de vue des croyances religieuses et philosophiques qu’à celui des sciences naturelles.

Les mammifères embaumés sont en petit nombre, la contrée n’en ayant jamais nourri beaucoup ni dans l’antiquité, ni pendant l’époque actuelle. Les chiens momifiés, comme ceux qui occupent par bandes à moitié sauvages les ruelles de tous les villages égyptiens, nous présentent, ainsi que ceux de la plupart des régions européennes, des types absolument différens les uns des autres, depuis le chien fauve des bazars d’Orient, si répandu dans tous les pays de langue arabe, jusqu’au singulier lévrier dont la queue contournée en trompette décrit une circonférence et demie sur elle-même. Cet animal est souvent peint ou sculpté sur les monumens. Je l’ai encore rencontré plusieurs fois vivant dans les carrefours écartés de Louxor, mais sans avoir jamais pu parvenir à m’en emparer à cause de sa sauvagerie.

Les squelettes de bœufs qui ont été exhumés en très grand nombre des nécropoles spéciales de Sakkara et d’Abousir, et dont j’ai pu aussi retrouver quelques restes dans certains hypogées de Gourna près de Thèbes, appartiennent tous à une même espèce, que nous assimilons au Bos africanas et qui se trouve encore aujourd’hui en troupeaux immenses dans le Soudan et l’Afrique centrale. C’est évidemment cette race qui fournissait aux prêtres les animaux vénérés dans les temples sous le nom d’Apis ou de Mnœvis. Plusieurs momies complètes de ces bovidés nous ont été envoyées de Sakkara ou d’Aboukir, ainsi que beaucoup de crânes séparés. Ces animaux sont tous des mâles et ont pu être entièrement remontés. Ils ont dû être préalablement, comme le raconte Hérodote, enterrés dans le sable ; puis les ossemens ont été exhumés lorsque les chairs étaient tombées en putréfaction ; et c’est alors seulement, comme l’indiquent tous les ossemens