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LA
CONJURATION DE CATILINA

IV[1]
LES NONES DE DÉCEMBRE



I

La joie de Cicéron, quand il apprit le départ de Catilina, n’était pas sans quelques nuages. Il avait espéré qu’il emmènerait tout son monde avec lui, et il fut très mécontent de voir qu’il n’était suivi que de quelques inconnus. Aussi employa-t-il toute son éloquence pour persuader aux autres de l’aller retrouver : « Les portes sont ouvertes, leur disait-il ; les chemins sont libres, leur chef les attend ; le laisseront-ils se consumer de désirs ? » Dans tous les cas, s’ils s’obstinent à rester, il leur conseille de se tenir tranquilles. « Au moindre mouvement qu’ils feront, ils verront bien que Rome possède des consuls vigilans, des magistrats dévoués, un Sénat ferme et vigoureux ; qu’elle a des armes et une prison que les ancêtres ont bâtie pour la punition des grands crimes. »

Ils ne partirent pas et continuèrent à conspirer. Peut-être le départ du chef fut-il un soulagement pour plusieurs d’entre eux. On ne s’entendait plus tout à fait dans le parti. Il y avait des ambitieux qui supportaient mal la supériorité de Catilina et entendaient travailler pour leur compte. Ceux-là n’étaient pas fâchés d’être délivrés d’une autorité gênante et de pouvoir agir

  1. Voyez la Revue du 15 mars, du 1er avril et du 1er mai.