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jeunes gens, pour les ouvriers, pour les employés, la direction spirituelle des religieuses. Il s’était acquis la collaboration de clergyman animés de son zèle et de son esprit, comme lui voués au célibat, menant avec lui, au presbytère, une sorte de vie de communauté ; tels étaient Stanton, Russell, et plus récemment ce father Dolling, comme on devait s’habituer à l’appeler, apôtre populaire, à propos duquel les Anglicans ne craignent pas d’évoquer le souvenir de S. François d’Assise et de S. Vincent de Paul[1]. Les résultats obtenus étaient considérables : le quartier, autrefois moralement et matériellement misérable, était en partie transformé. Les paroissiens étaient en pleine et ardente sympathie avec leur pasteur, s’édifiant de son zèle, prenant part à ses épreuves et lui fournissant de larges subsides[2].

Ces faits, connus de tous, rendaient plus choquante l’âpreté avec laquelle des hommes, en réalité étrangers à la paroisse, poursuivaient l’expulsion d’un pasteur dont l’action était goûtée et bienfaisante. Aussi bien, même dans le camp opposé aux Ritualistes, plusieurs commençaient-ils à éprouver quelque embarras et quelque honte de cet acharnement. M. Martin, qui avait jusqu’alors consenti à prêter son nom pour intenter les poursuites, écrivit à l’évêque de Londres qu’il ne voulait plus figurer comme le prosecutor de Mackonochie. Mais la Church Association n’avait pas de ces scrupules et elle ne songeait qu’à pousser à bout sa victoire. En janvier 1880, une nouvelle instance fut engagée, tendant à la destitution définitive du vicar de S. Alban. Divers incidens de procédure retardèrent la solution pendant plus de deux ans[3]. En attendant, Mackonochie continuait ses fonctions et se déclarait résolu à ne pas reculer d’un pas, non cependant sans laisser voir, malgré son courage, quelques signes de lassitude morale et physique. Vers la fin de 1882, il fut visible que la destitution ne tarderait pas à être prononcée. Les esprits étaient fort excités. Tait, alors malade, préoccupé du fâcheux effet que produirait cette violence judiciaire, conséquence de sa propre politique, dicta, en novembre 1882, à l’adresse de Mackonochie, une lettre pleine d’affectueux ménagemens, où, « sans vouloir lui rien dicter, » il lui demandait s’il

  1. Cf. Life of Father Dolling, par Osborne.
  2. A. H. Mackonochie, A Memoir, passim.
  3. A. H. Mackonochie, p. 178. History of the E. C. U., p. 222, 223, 329, 330, 246 à 248, 256.