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persécuteurs. Sous la direction de cet ecclésiastique et au mépris de tous les jugemens antérieurs, l’église de S. Alban Holborn était toujours, par l’éclat, par le symbolisme et par le caractère ouvertement catholique de sa décoration et de ses offices, le type le plus complet de l’Eglise ritualiste. Chaque dimanche, la grand’messe, — High mass, c’est le nom qu’on ne craignait pas de lui donner, — était célébrée avec une pompe dans le cérémonial, dans les chants et dans la musique, qui attirait de toutes parts une nombreuse assistance. La Church Association voyait là une sorte de défi insupportable, et, en mars 1878, un nouveau procès fut intenté à Mackonochie, pour ne s’être pas conformé aux injonctions précédentes. Ce procès se poursuivit à travers des détours de procédure, des enchevêtremens de juridictions tels qu’on en rencontre seulement en Angleterre ; on devait y voir intervenir, outre le tribunal de lord Penzance, la Cour du Banc de la Reine, la Cour d’appel, le Comité judiciaire du Conseil privé, la Chambre des Lords, le tout non sans accumuler des frais énormes qui retombèrent en fin de compte à la charge du condamné. La première phase de cette instance aboutit, en novembre 1879, à un jugement de lord Penzance suspendant Mackonochie de ses fonctions ecclésiastiques pendant trois ans ; la sentence fut affichée sur la porte de l’église ; mais quand le Rev. Sinclair, désigné par l’évêque pour remplacer le vicar suspendu, se présenta à S. Alban, Mackonochie lui signifia courtoisement qu’il ne reconnaissait pas la validité de sa suspension et qu’il entendait continuer à officier lui-même, ce qu’il fit sur-le-champ : le Rev. Sinclair se retira sans insister davantage[1].

L’énergie avec laquelle Mackonochie faisait tête aux attaques judiciaires ne ralentissait eu rien son activité apostolique. Jamais il n’était plus heureux que quand quelques momens de trêve lui permettaient de se consacrer entièrement à sa paroisse. Il s’y dépensait sans compter sa peine ni sa fatigue. Dans une de ses lettres, il racontait avoir prêché vingt-trois sermons en sept jours ; ajoutez les offices solennels, les exercices personnels de piété, les longues séances au confessionnal, les visites incessantes aux paroissiens, surtout aux pauvres et aux malades, le soin des nombreuses institutions de charité, des écoles populaires, des œuvres de persévérance et de récréation pour les

  1. A. H. Mackonochie, A Memoir, p. 175 à 177, 227. History of the E. C. U., p. 205 à 208, 222.