Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/326

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

principe essentiellement protestant que chacun doit, en matière religieuse, s’en lier exclusivement à son jugement privé.


VI

L’émotion soulevée par les polémiques sur la confession était loin d’être calmée, quand, au milieu de 1878, eut lieu, au palais de Lambeth, sur la convocation et sous la présidence de l’archevêque de Canterbury, la seconde réunion plénière des évêques anglicans, venus non seulement du Royaume-Uni, mais des colonies anglaises, des pays de mission et des Etats-Unis. La première, sans précédent dans l’histoire de l’Anglicanisme, s’était tenue en 1867 et avait été à peu près absorbée par un débat sur le différend entre l’archevêque du Cap et son suffragant Colenso, On s’était décidé, non sans quelque hésitation, à en convoquer une nouvelle, et Tait avait envoyé les invitations, en mars 1876. L’idée de rivaliser avec les imposantes assemblées d’évêques catholiques qui avaient eu lieu naguère à Rome, notamment avec le concile du Vatican, et de se donner, à son tour, une apparence d’universalité, n’avait pas été sans doute étrangère à la décision prise. Non que cette réunion pût, à aucun degré, prétendre à l’autorité d’un concile ou d’un synode. La Couronne, jalouse de sa suprématie, ne l’eût pas permis, et, parmi les Eglises représentées, plusieurs n’entendaient pas aliéner leur indépendance. Aussi les promoteurs de la réunion avaient-ils jugé prudent de répéter, avec insistance, qu’il n’y serait question de prendre, sur le dogme ou sur la discipline, aucune décision ayant force obligatoire, et qu’on désirait seulement faciliter un échange de vues, une sorte de conversation solennelle entre des évêques venus de pays différens[1]. Le public usait donc d’une expression impropre, quand il parlait du Pan-anglican Synod ; le titre officiel, plus modeste, était : « Conférence des évêques de la communion anglicane, tenue au palais de Lambeth. » Y avait-il, chez l’archevêque de Canterbury, quelque arrière-pensée ? En travaillant à rendre ces réunions périodiques, se flattait-il qu’il en sortirait, pour son siège, une suprématie, non seulement honorifique, mais plus ou moins réelle, sur les évêques anglicans du-monde entier, quelque chose comme une sorte de

  1. Life of Tait, t. II. p. 363 à 368.