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Penzance, était arrêté et jeté en prison, le 22 janvier, « for contempt of the Court[1]. »

C’était trop pour l’opinion anglaise. Le Rev. Tooth devenait populaire. Dans les conversations, dans les journaux, il n’était question que de lui. Ce n’étaient pas seulement ses partisans dont l’émoi et l’excitation se trouvaient portés à l’extrême ; les spectateurs eux-mêmes, jusque-là un peu railleurs et dédaigneux à l’égard du Ritualisme, finissaient par trouver que ses adversaires dépassaient la mesure. Recourir à la prison en pareil cas, leur paraissait à la fois odieux et un peu ridicule. Les journaux illustrés représentaient le Rev. Tooth derrière les grilles de sa prison, avec des légendes plutôt favorables[2]. La Church Association elle-même se rendit compte qu’en dehors de quelques fanatiques, on ne la suivait pas jusque-là, et qu’elle aboutissait seulement à faire de celui qu’elle poursuivait un martyr, avec tous les avantages attachés à cette situation. Aussi, au bout de quelques semaines, saisit-elle le premier prétexte de provoquer l’élargissement du condamné, qui sortit de prison, le 17 février 1877, avec les honneurs de la guerre[3].

Bien qu’obligé par sa santé à faire un séjour en Italie, le Rev. Tooth était moins que jamais disposé à céder. Les paroissiens décourageaient d’ailleurs, par leur attitude hostile, tous les ecclésiastiques que l’évêque déléguait successivement pour le suppléer. En juin 1877, l’évêché de Rochester étant devenu vacant, l’archevêque Tait fut provisoirement chargé d’y exercer l’autorité épiscopale. Il se hâta d’en profiter pour tâcher d’amener le Rev. Tooth à composition, par quelque habileté du genre de celle qui venait de lui réussir avec le Rev. Ridsdale. Mais il eut beau retourner la question sous toutes les formes, présentant la soumission qu’il demandait comme faite à l’autorité religieuse, l’obstiné clergyman ne se laissait pas leurrer, et, derrière l’argumentation épiscopale, il découvrait toujours la décision du juge civil à laquelle il était résolu à refuser obéissance. L’habile archevêque dut s’avouer impuissant à vaincre cette résistance. Le Guardian, en publiant, peu après la longue correspondance échangée à ce sujet entre le prélat et le vicar, la comparait au « jeu d’un chat de palais avec une souris d’Eglise. » Il ne

  1. History of the E. C. U., p. 188.
  2. Life and Letters of dean Church, p. 255
  3. History of the E. C. U. p. 193.