Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/306

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’un succès parlementaire contre son prédécesseur et se jeta dans la bataille. Déchirant brutalement les voiles dont les défenseurs prudens du bill l’avaient d’abord enveloppé, il proclama très haut que ce projet avait pour objet de « jeter bas, d’étouffer le Ritualisme. » A l’entendre, l’Eglise anglicane « pouvait renfermer les opinions les plus diverses, sauf le Ritualisme, parce qu’il menait à Rome. » Et il ajoutait : « Je respecte les convictions des catholiques, mais, ce que je ne puis supporter, c’est le ministre protestant jouant au prêtre catholique, c’est la messe devenue une farce et une mascarade. » D’autres orateurs s’appliquèrent à bien mettre en lumière la subordination de l’Eglise au Parlement, dont ce projet était une nouvelle preuve. En réponse à ceux qui se plaignaient qu’on n’eût pas consulté préalablement la Convocation, ils déclaraient que « le clergé devait être écarté de ces débats, que, mis en demeure de faire quelque chose, il n’avait rien fait, que d’ailleurs les 39 Articles avaient reçu leur rédaction définitive sans son concours. » Les évêques eux-mêmes obtenaient une singulière récompense de leur zèle à présenter et à soutenir ce bill, quand sir William Harcourt disait à leur adresse :


Non, ce n’est point par le droit divin que l’autorité des évêques a été établie dans ce pays, mais par la loi commune et par les statuts… La juridiction n’est jamais divine ; elle est essentiellement humaine. Que les évêques en pensent ce qu’ils voudront, le Parlement les regarde comme les inspecteurs d’une Église qui, établie par l’État, doit être soumise à l’État. Henri VIII s’est, déclaré son chef ; les Articles ont été rédigés non seulement en dehors de la Convocation du clergé, mais contre son avis. Pratiquement, la solution des conflits a toujours été réservée à des cours laïques.


Sous l’impression de ces discours, la Chambre adopta le projet, sans que l’opposition osât même se compter. « La Chambre était en délire, écrivait Church à un ami, et si on lui avait proposé de couper les mains de tous les clergymen en faute, elle l’eût voté[1]. » Le 7 août 1874, après quelques allées et venues entre les deux Chambres, la loi nouvelle fut définitivement promulguée, sous ce titre d’ailleurs trop large et peu exact : Public worship regulation Act.

L’opinion apprécia tout de suite la loi nouvelle, moins d’après

  1. Life and Letters of dean Church, p. 245.