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Il faut remarquer que la plus grande partie des ouvriers ou ouvrières attachés au « soin, » à la surveillance des machines, — le mot « machines » signifiant ici, au sens large, la machine-outil, le métier, — est payée aux pièces, suivant les conditions et tarifs établis, au moyen de compteurs mécaniques qui mesurent la quantité de travail ou de matière fabriquée. On ne saurait trop souhaiter de voir se répandre l’usage du compteur mécanique servant à mesurer l’ouvrage et à déterminer rigoureusement le salaire, car la loi du 7 mars 1850, par laquelle on a voulu y pourvoir, est très imparfaite et insuffisante : les contestations sont fréquentes, irritantes, difficiles à trancher ; et l’écho en parvenait tout récemment encore à la commission d’enquête sur l’industrie textile nommée par la Chambre des députés. Si l’on ne doit pas, sans examen, admettre ces réclamations comme bien fondées, on ne doit pas non plus les rejeter par indignation : le meilleur moyen de les juger, c’est de les rendre impossibles ; et il n’est sans doute pas d’arbitre qui vaille pour cela le compteur mécanique.


III

405 ouvriers et ouvrières à l’usine A, 447 à l’usine B, il s’en manque de peu que nous touchions les 500, et c’est réellement la grande industrie textile. Non pas qu’il n’y en ait point une plus grande. D’après les statistiques de l’Office du travail, deux filatures, dans le département du Nord, occuperaient de 500 à 1 000, et deux encore de 1 000 à 2 000 ouvriers et employés. Mais, en revanche, seize en occupant seulement de 200 à 500, quinze de 100 à 200, dix pas plus de 100, la moyenne demeure entre 100 et 200. — d’une manière générale, pourtant, ou peut dire que la moyenne industrie du Nord est la grande industrie des Vosges.

Dans la région vosgienne, l’industrie textile du coton se divise en trois branches ou se compose de trois branches : la filature, le tissage, et le finissage, consistant dans le blanchiment, la teinture, l’impression, les apprêts divers. Mais le finissage n’est pratiqué, — ainsi d’ailleurs que dans le Nord, — qu’en de très vastes établissemens, au nombre de deux ou trois pour toute la région ; c’est moins une branche d’industrie