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accompagnée d’un léger accroissement du nombre des battemens du cœur et d’une diminution de la fréquence des respirations. Dans un cas où l’on avait employé une proportion de 43 millièmes, le sujet soumis à l’expérience, qui était un homme jeune et vigoureux, éprouva, au bout d’une demi-heure, une sensation très nette de vertige. La tête lui tournait. Il tomba dans une véritable torpeur d’où l’on eut quelque difficulté à le tirer. Il avait perdu ‘la conscience de ce qui se passait autour de lui.

Le second symptôme du mal des tunnels, à savoir la faiblesse des muscles et la fatigue, se retrouve également dans l’empoisonnement oxycarbonique. La diminution de l’énergie musculaire en est une manifestation caractéristique.

La question de l’irrespirabilité de l’air dans les galeries de mines ou dans les tunnels a conduit ainsi les physiologistes, anglais, français et italiens, Haldane, N. Gréhant, Mosso et ses élèves, à reprendre l’étude des effets toxiques de l’oxyde de carbone sur les animaux. Ils ont examiné l’action des doses massives et celle des doses atténuées. Il est admis maintenant d’un commun accord que si l’air contient de 25 à 30 pour 100 du gaz, la mort peut survenir d’une manière foudroyante. Le cœur subit, dans ce cas, un arrêt réflexe analogue à celui que provoque l’asphyxie brusque ou l’excitation des nerfs vagues. — Avec des proportions de 20 à 6 pour 100 l’issue fatale survient dans l’espace d’un quart d’heure à 20 minutes. — Avec les mélanges qui contiennent de 5 pour 100 à 3 ou 5 millièmes, la mort tarde davantage et de plus en plus à mesure que la concentration du gaz toxique diminue. Mais, chose remarquable ! il n’y a pas de gradation correspondante dans l’intensité des phénomènes d’empoisonnement. Ils tardent seulement plus ou moins. L’état asphyxique du sang atteint plus ou moins vite le degré qui est incompatible avec la conservation de la vie. L’oxyde de carbone est un poison à action cumulative. Chaque masse gazeuse qui pénètre dans le sang neutralise un certain nombre de globules rouges en s’y fixant. Ceux qui ne sont pas encore atteints suppléent ceux qui sont hors de combat, et accomplissent leur besogne d’oxygénation. Les choses vont ainsi jusqu’au moment où l’insuffisance de la troupe restante apparaît brusquement. Il y a une limite fixe qui ne peut être dépassée. D’après les expériences de Haldane, de Benedicenti et de Trêves, l’oxyde de carbone agit d’une manière rapide et profonde lorsqu’un certain degré de saturation du sang est atteint.

La cause qui fait perdre le sens aux mécaniciens et aux