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Ils maigrissent, deviennent pâles et anémiés. Très fréquemment, ils sont empêchés de continuer le service et doivent être remplacés au bout de quelques mois ou d’une année ou deux.


III

La fréquence des accidens du caldana, c’est-à-dire du mal des tunnels observés par la commission italienne sur les lignes dei Govi tient à l’intensité du trafic sur ces voies ferrées. Ce sont deux lignes qui courent à peu près parallèlement l’une à l’autre, du Sud-Ouest au Nord-Est, du golfe de Gênes vers la vallée du Pô. La plus ancienne date de 1853 ; l’autre, relativement nouvelle, a été créée en 1889 pour soulager la première, devenue insuffisante. Elles relient le port de Gênes à Turin et à la vallée du Pô et centralisent à peu près tout le trafic du grand port méditerranéen avec l’Italie du Nord.

Ces deux lignes ferrées traversent la ceinture montagneuse que l’Apennin dessine autour de Gênes ; elles la franchissent au moyen d’une multitude d’ouvrages d’art, viaducs et galeries. Sur l’ancienne ligne se trouve le tunnel dei Govi, qui offre un développement de 3 258 mètres avec une seule cheminée d’appel : il y passe chaque jour dix-huit trains de marchandises et sept trains de voyageurs dans l’espace de vingt heures : les quatre heures restantes étant consacrées à l’examen et à la réparation des voies. La ligne nouvelle présente le tunnel de Ronco, qui a 8 291 mètres de longueur et huit puits d’appel et qui est sans doute la plus longue des galeries souterraines du réseau italien. Elle donne passage quotidiennement à trente-deux trains de marchandises et à dix trains de voyageurs. L’une et l’autre présentent donc les conditions les mieux faites pour la production des accidens typiques du mal des tunnels. Et, en effet, c’est la fréquence de ces accidens qui a fourni un point de départ aux études que nous résumons en ce moment.

C’est dans le tunnel de Ronco que M. U. Mosso, frère et collaborateur du chef de la mission, a voulu éprouver les conditions de respirabilité de l’air. Il y descendit le 11 avril 1900 par l’un des puits-cheminées, celui qui, de la station de Busalla, aboutit à peu près au milieu du tunnel. Un escalier de 284 mètres de hauteur permet la descente. Au bas de cet escalier, dans le souterrain, l’air est bon, renouvelé ; il fait éprouver une sensation de fraîcheur. D’ailleurs la température du tunnel n’est jamais très élevée : elle se maintient entre 19° et 20°. En parcourant cette galerie souterraine, entre deux