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trouve placé exercent une action sur sa constitution et sa santé. Elles créent des risques particuliers ; elles engendrent des maladies professionnelles. Les voyageurs très rarement, mais habituellement le personnel des trains, les employés chargés de la garde et de l’entretien des galeries sont exposés à des accidens sur lesquels a dû s’arrêter l’attention des physiologistes et des médecins.


I

Les tunnels ordinaires n’ont pas de droits sérieux à la sollicitude des hygiénistes. Longs de quelques mètres ou, au plus, de quelques centaines de mètres, les trains les parcourent en un petit nombre de secondes ou de minutes. Ces ouvrages d’art sont des couloirs obscurs, humides, chauds, souvent remplis d’une fumée étouffante ; mais ils ont le mérite d’être courts. On en est sorti avant d’en avoir éprouvé d’incommodité sérieuse.

La ventilation de la plupart des tunnels est mal assurée ou pas assurée du tout. Le soin d’y renouveler l’air est confié à la bonne nature, aux lois de la physique, à l’intervention providentielle de la météorologie. L’ingénieur a escompté les vents, les courans d’air possibles, la lente diffusion qui mélange les gaz du dehors et du dedans. Le calcul est justifié pour les tunnels courts : il est en défaut pour les tunnels longs.

Dans ceux-ci, chaque convoi laisse les gaz de combustion et la fumée de sa machine : de l’acide carbonique, un peu d’oxyde de carbone, de l’aldéhyde formique, de l’acide sulfureux provenant des pyrites mêlées au charbon, de l’acétylène, et d’autres encore. La quantité d’oxygène y est moindre que dans l’air du dehors, puisqu’une partie a été consommée par le foyer au cours de la traversée. Le convoi suivant chasse devant lui cette colonne d’air usé déposée par son prédécesseur ; il la refoule comme fait un piston pour le contenu d’un corps de pompe ; et il la remplace par ses propres déchets gazeux. Si les trains se succèdent à de brefs intervalles, la viciation s’aggrave à chaque fois, puisque le convoi nouveau opère, au moins en partie, sur le résidu du précédent. Les gaz toxiques provenant de la combustion incomplète s’accumulent dans l’atmosphère du conduit souterrain. Les longs tunnels, à cause de cela, ne se prêtent par à une très active circulation.

Dès que le tunnel dépasse une certaine étendue, la viciation de l’atmosphère ambiante par les gaz du charbon peut créer un