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Les mesures annoncées sont actuellement en voie de pleine exécution. Elles ont soulevé de vives critiques, elles ont suggéré maintes hypothèses, elles ont posé maints points d’interrogation, elles déconcertent et elles inquiètent. Malgré tout, le-peuple anglais laisse faire, ayant une confiance aveugle, ou plutôt raisonnée, dans l’esprit qui préside depuis quinze ans à la direction de ses affaires maritimes. Le moment est donc opportun pour examiner d’un peu près, le grand bouleversement qui s’opère depuis trois mois dans toutes les parties de l’organisation des forces navales britanniques ; pour se demander quelle est la signification, la portée des changemens effectués ; pour rechercher à quelle politique nouvelle ou à quelle phase récente et prévue d’une politique ancienne ils répondent, quels desseins les ont inspirés, quelles indications il est possible d’en tirer sur l’orientation générale de la politique anglaise.


I

Le mémorandum du 6 décembre 1904 est un document présenté par lord Selborne au Parlement. Le premier lord de l’Amirauté y explique, dans un très court exposé de motifs, la nature et la raison de certains changemens que le département de la marine avait décidé de faire « dans la répartition de la flotte et dans les arrangemens pour la mobilisation. » Le mémorandum ; a été complété par quelques autres documens de même nature : une lettre circulaire aux commandans en chef des escadres sur la constitution de la flotte de réserve et sur la mobilisation ; une ordonnance relative aux manœuvres navales de 1905 ; un nouveau mémorandum daté du 15 mars dernier sur l’exécution des mesures annoncées le 6 décembre précédent. Il y a deux années, une première publication du même genre, de lord Selborne, et dont la Revue a signalé en son temps l’importance, avait fortement intéressé l’opinion publique par la hardiesse des conceptions nouvelles dont elle annonçait la réalisation. Il s’agissait alors de réformer les méthodes d’instruction des officiers et des équipages. La réalisation du programme devait exiger de longues années. Des mesures initiales furent prises. A l’heure actuelle, les mousses, les cadets, les apprentis mécaniciens et les futurs officiers sont instruits et exercés dans des écoles réorganisées et avec des méthodes transformées conformément aux nouveaux