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et le devoir d’offrir aux consciences troublées le secours de la confession, et que « l’usage de cette confession peut, au moins dans certains cas, être assez fréquent. » Ils estiment que « l’Eglise laisse à la conscience des individus le soin de décider, suivant le sentiment qu’ils ont de leurs besoins, s’ils veulent ou non se confesser. » Ils ajoutent que « l’Église d’Angleterre n’a nulle part limité les occasions dans lesquelles ses prêtres exerceraient leur office de confesseurs. » Enfin, s’ils admettent que « les prêtres ne sont pas autorisés à enseigner que la confession est une condition indispensable pour le pardon du péché après le baptême, ou à l’exiger comme une condition à la réception de la communion, » ils professent que « tous ceux qui réclament le privilège de la confession privée, y ont droit, et que les membres du clergé ont charge, dans certaines circonstances, de pousser les personnes à faire de semblables confessions. »

Si circonspecte qu’en fût la rédaction, ce document s’inspirait manifestement d’un esprit contraire à celui de la déclaration épiscopale et il la contredisait formellement sur des points importans. Que pouvaient les évêques pour détruire l’effet de cette contradiction ? Ils n’étaient ni d’humeur ni de force à mettre hors l’Église les plus respectés de ses membres. Il ne leur restait alors qu’à subir cette affirmation, faite à leur face, du droit et du fait de la confession. Aussi bien, celle-ci continuait-elle à se pratiquer dans les églises ritualistes, absolument comme si les évêques n’avaient pas parlé.

La constatation de ce fait, jointe à plusieurs autres symptômes dénotant le progrès constant du nouveau cérémonial, n’était pas pour calmer les passions protestantes, chauffées à blanc par les dernières polémiques. On entendait chaque jour retentir plus haut le cri : « Les Ritualistes à la porte de l’Église ! A Rome, les Papistes déguisés ! Qu’on nous délivre des traîtres ! » Seulement, comment y arriver ? Les évêques et les cours de justice venaient de démontrer une fois de plus leur impuissance. Il ne restait, semblait-il, qu’à demander au Parlement d’intervenir et de forger exprès une arme nouvelle contre ceux qu’on voulait abattre.


PAUL THUREAU DANGIN.