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s’engageaient non seulement à « fréquenter » eux-mêmes « le sacrement de pénitence, » mais aussi « à se vouer diligemment à la science du soin des âmes et à s’efforcer de faire comprendre aux jeunes et vieux placés sous leur influence, la valeur de ce sacrement[1]. »

Plus ces idées s’affichaient et entraient dans les faits, plus s’irritait le vieux préjugé protestant, habitué à voir, dans le confessionnal, l’instrument mystérieux de toutes sortes d’infamies, ou, pour le moins, une atteinte à l’indépendance chère à tout Anglais, une intrusion indiscrète et abusive du sacerdotalisme dans les rapports de l’âme avec Dieu ; et ce préjugé était si fort qu’un clergyman, du haut de la chaire, dénonçait cette pratique comme une offense capitale pour laquelle la transportation ne suffisait pas et qui méritait la peine de mort : « That is my sober conviction, » disait-il[2]. En 1858, l’un des curates de cette église de S. Barnabas, où, dans les années précédentes, les pratiques ritualistes des Rev. Bennett et Liddell avaient donné lieu à des poursuites, le Rev. Poole, était dénoncé pour la façon indiscrète et inconvenante dont, en confession, il avait interrogé ses pénitentes ; l’accusation était démontrée fausse ; mais Poole, convaincu de chercher à inculquer aux fidèles l’habitude de la confession, avait été, de ce chef, blâmé par son évêque, Tait ; celui-ci saisissait cette occasion d’exposer, dans un mandement solennel, combien cette pratique lui paraissait contraire aux traditions de l’Église anglicane, et il retirait au curate sa licence. Cette décision, déférée au primat, avait été approuvée par lui. Elle avait, il est vrai, suscité de vives protestations de la part non seulement de Liddell et d’autres clergymen ritualistes, mais aussi des paroissiens de S. Barnabas qui revendiquaient, pour le peuple chrétien, le droit d’obliger le clergé à entendre les confessions[3].

A la suite de ces incidens, pendant plusieurs années, un silence relatif se fit sur la question : non que le progrès des confessions se fût arrêté ; mais d’autres querelles occupaient l’opinion. Tout à coup, en mai 1873, sans que rien eût fait prévoir cette démarche, quatre cent quatre-vingt-trois clergymen

  1. Secret History of the Oxford Movement, p. 54 à 58.
  2. William Ward and the Catholic revival, par Wilfrid Ward, p. 3.
  3. Life of Tait, t. I, p. 222 à 228 ; History of the Romeward Movement, p. 374 à 381.