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de cette « production barbare d’une époque barbare, » de ces « formules qui ne pouvaient plus représenter à l’esprit aucune idée intelligible, » et ils réclamaient la libération des consciences torturées par l’obligation de souscrire et de réciter une profession de foi à laquelle personne ne pouvait, adhérer sincèrement ; ils insistaient sur les « clauses damnatoires » qu’ils affectaient d’entendre dans un sens excessif qu’aucun théologien n’aurait admis ; le fond de leur opposition était que l’ancienne rigueur théologique ne leur paraissait plus de mise, que les dogmes ne devaient plus être considérés comme une partie essentielle de la religion, qu’il importait peu au salut d’avoir telle ou telle croyance, que dès lors il était abusif de condamner quelqu’un de ce chef. Face aux Broad churchmen, se dressaient, comme défenseurs du Symbole intégral, Pusey et ses amis du High Church. Ils dénonçaient, chez leurs contradicteurs, « l’hérésie du jour, » suivant laquelle il était « indifférent de croire une chose ou l’autre. » Si l’un des Credo était abandonné, disaient-ils, les autres le seraient bientôt ; on aurait « donné au tigre le premier goût du sang. » Pourquoi donc « ceux qui ont la foi, seraient-ils toujours sacrifiés à ceux qui n’en ont aucune ? » En cherchant à satisfaire ces derniers, ne risquerait-on pas d’écarter les premiers de l’Eglise d’Angleterre et de les précipiter en masse vers Rome ? Pusey refusait de prendre au sérieux l’effarouchement causé par les « clauses damnatoires ; » il ne voyait pas autre chose, dans ces clauses, que ce que le Seigneur avait dit maintes fois, dans l’Evangile, contre ceux qui refusaient de croire à ce qu’il enseignait. Il ne faisait pas du reste d’objection à une note explicative, où il serait indiqué que le Symbole n’entendait pas condamner ceux qui « étaient empêchés de croire par ignorance involontaire ou invincible préjugé. »

Les défenseurs du Symbole en voulaient surtout à Stanley, d’autant que c’était à cette même époque qu’il scandalisait les croyans par ce qu’on appelait, dans le monde orthodoxe, la « communion sacrilège de Westminster, » celle à laquelle il avait admis un ministre unitarien. Pusey le traitait « d’ennemi fanatique de tout dogme, » et, en pleine Convocation, un autre de ses contradicteurs l’accusait de trahison envers l’Eglise et l’avertissait que « s’il s’était conduit au service d’un souverain de la terre avec le même dérèglement, il aurait été inévitablement traduit en cour martiale et fusillé. » Tait n’était guère jugé avec