Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

procédé plus soigné mais plus coûteux que l’impression. La presse à cylindres tire facilement 200 chromos à l’heure, en feuilles minces comme du papier à cigarettes qui, appliquées ensuite sur des assiettes, y déchargent leur dessin. Une cuisson sommaire, à 700 degrés, suffit au dégraissage, brûle l’huile et sèche la couleur.

Celle-ci ne peut être mise en quantité suffisante pour résister à la lente cuisson de la couverte dans les anciens fours. Elle se posait donc sur émail cuit et restait par là même peu brillante ; maintenant, grâce aux fours continus, plus rapides, elle s’imprime directement sur biscuit, — du moins pour les faïences, — que l’on recouvre ensuite d’une nappe d’émail uniforme et glacée.

Chacune de ces découvertes, chacun de ces progrès de fabrication, dus à la physique, à la chimie, à la science de l’ingénieur, qui peu à peu transformaient l’industrie céramique, ont eu pour conséquence un accroissement énorme de la production depuis vingt-cinq ans. Elle a doublé de 1880 à 1890 et doublé encore de 1890 à 1904. Cependant, évalués en argent, les chiffres accusent une hausse beaucoup moindre : c’est que chaque objet a singulièrement baissé de prix. Limoges compte aujourd’hui 40 manufactures, dont une seule fabrique chaque jour 20 000 assiettes et pièces rondes diverses. Il en résulte un supplément de bien-être pour la classe la plus nombreuse. Puisque la loi de nature oblige l’humanité à manger son pain à la sueur de son front, c’est quelque chose de le pouvoir manger dans une assiette propre.


Vte G. D’AVENEL.