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Pour la cuisson des anciennes faïences, par exemple, on n’a jamais pu employer la houille, parce que sa flamme est susceptible de devenir « réductrice, » de réduire, c’est-à-dire de ramener à l’état métallique, les oxydes d’étain qui constituaient leur émail. Au contraire, la flamme oxydante communique à la porcelaine une transparence brune, ce qu’on nomme « le jaune » ou « l’enfumage, » défaut tellement grave qu’il peut perdre quelquefois des fournées entières.

La houille d’ailleurs donne à volonté une flamme « oxydante, » lorsque l’oxygène, l’air, largement introduit par le foyer, domine dans les produits de la combustion ; ou « réductrice, » lorsque le combustible, en excès, forme de l’oxyde de carbone ou des carbures d’hydrogène. Seulement, en ce dernier cas, les gaz, incapables de brûler faute d’air, ne donnent pas de calorique ; et si l’ouvrier habile ne savait pas, d’abord faire marcher son four à l’une ou l’autre allure, ensuite obtenir l’atmosphère neutre, ni réductrice, ni oxydante, qui donne le maximum de température sans influer sur la pâte, il n’arriverait jamais à cuire convenablement sa porcelaine. La difficulté, en cette partie de la fabrication, ne tient pas tant, comme on le verra tout à l’heure, à la pâte elle-même qu’aux couleurs employées à sa décoration.

Les différens métaux qui entrent dans la composition de ces peintures, sur ou sous émail, se comportent au four chacun à sa manière. L’on est parvenu toutefois à donner tour à tour, à chacun d’eux, les traitemens opposés qui leur conviennent : la manufacture royale de Berlin a trouvé récemment la marche à suivre pour développer industriellement dans la même cuisson, sur une même pièce, le rouge sang de bœuf ou rouge de cuivre, qui exige un feu réducteur, et le jaune d’urane qui ne se produit que dans un milieu oxydant.

Ces changemens d’allure de la flamme sont devenus faciles et presque instantanés, depuis l’application des gazogènes à la céramique. Le four que j’ai décrit tout à l’heure, parce qu’il est encore en usage dans la plupart des manufactures, sera demain en effet un outil arriéré. Les usines nouvelles, ou soucieuses du progrès, lui ont déjà substitué le four « à circulation » ou four continu chauffé au gaz. Ce dernier, par sa construction autant que par ses combustibles, diffère complètement des anciens types, avec lesquels l’air chaud qui s’échappe par la cheminée, pendant la cuisson, celui que dégagent les gazettes encore