Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

général d’Amérique ; leur qualité a grande influence sur la beauté de la porcelaine, dans laquelle ils entrent pour près de moitié On a tenté de substituer aux os de mouton un minéral contenant du phosphate de chaux, mais jusqu’ici sans succès ; d’autant que déjà le bon marché des produits ainsi obtenus est extraordinaire.


IV

Porcelaine ou faïence, le travail de façonnage est le même cl exige les mêmes outils. La matière une fois dosée, la poussière sèche du quartz mélangée, au sortir des « bocards, » des « tordoirs, » des moulins à galets, à la poudre collante du kaolin, et le tout délayé de façon à former une crème blanche, cette « barbotine » se raffermit au filtre-presse et va s’homogénéifier sous la « marcheuse. » Ainsi nomme-t-on le malaxeur, composé de lourds cylindres cannelés, tournant autour d’un axe, qui imitent le manège ancien de l’ouvrier. Une fois « marchée, » la pâte se repose au « pourrissoir ; » non pas cent ans, comme on croyait naguère que faisaient les Chinois afin de mieux assurer sa fermentation, mais quelques mois.

Elle est prête alors à devenir assiette ou pot à eau, statuette ou saladier. Elle le devient par des voies diverses : tantôt tournée, tantôt moulée, tantôt coulée, suivant le procédé le plus pratique. Le tour primitif, vieux de douze cents ans avant l’ère chrétienne, dont la tête ou « girelle » repose sur un axe vertical, traversé par le disque de bois qu’actionnait le pied de l’ouvrier, est depuis longtemps remplacé par des tours mécaniques. Le potier ébauche son œuvre en jouant avec la poignée de pâte qu’il caresse, allonge en boudin ou aplatit en crêpe, tandis qu’elle tourne sur la plate-forme devant lui.

Il faut que sa main soit sûre et qu’il serre très également ; surtout il faut qu’il maintienne un accord parfait entre la vitesse de rotation de son tour et la vitesse d’ascension de ses mains. pour éviter le « vissage, » ces sillons plus ou moins apparens, dus à des pressions inégales, qui s’élèvent en spirales à partir de la base comme le pas d’une vis. Après une dessiccation appropriée, qui permettra de la raboter sans la réduire en poussière, l’ébauche passe au « tournassage. » Fixée sur le « mandrin » de bois qui la supporte, elle est dégrossie, taillée, découpée au calibre par ces « tournassins » d’acier qui l’égratignent au