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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



14 avril.


Il y a quinze jours, l’empereur Guillaume était sur le point de débarquer à Tanger ; mais il ne l’avait pas fait encore, et ses projets ne nous étaient connus que par des articles de journaux. Depuis, l’Empereur a débarqué, il a parlé, il est parti, le tout avec une rapidité plus grande qu’on ne s’y était attendu, et non sans quelque déception pour les Marocains, qui avaient fait de grands préparatifs pour le recevoir et qui l’ont à peine entrevu. Nous ne disons pas cela pour diminuer l’importance du voyage ; elle reste trop grande, à notre gré ; mais enfin l’Empereur a passé plusieurs heures dans la rade de Tanger avant de gagner la terre, sans qu’on ait bien compris pourquoi. Le mauvais état de la mer n’est pas une explication suffisante, puisqu’un va-et-vient continuel s’est établi tout de suite entre le navire impérial et le rivage. Enfin, Guillaume a débarqué. Il s’est rendu aussitôt à la légation allemande, sans pénétrer dans le palais que les Marocains avaient préparé pour lui et où ils comptaient lui offrir l’hospitalité suivant leurs rites. Il ne s’est pas montré davantage dans la partie de la ville où devaient avoir lieu les fêtes. Il a causé un moment avec le représentant de la France et plus longuement avec celui du Sultan. Il a enfin prononcé un discours public et l’a adressé, comme il convenait, aux membres de la colonie allemande. Que leur a-t-il dit ? Le sens de ses paroles n’est pas douteux : toutefois, et il y a peut-être lieu d’en être surpris, le texte authentique n’en a pas été publié : plusieurs versions en ont circulé, sans qu’on ait pu savoir officiellement quelle était la bonne. L’Empereur n’est guère resté plus de deux heures sur le territoire marocain. Il s’est empressé de reprendre la mer, et s’est rendu à Gibraltar, puis à Port-Mahon, où