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REVUE DRAMATIQUE


THEATRE DE LA GAITE : Scarron, comédie tragique en cinq actes en vers, par M. Catulle Mendès. — RENAISSANCE : Monsieur Piégois, comédie en trois actes, par M. A. Capus. — GYMNASE : L’Age d’aimer, comédie en quatre actes, par M. Pierre Wolff. — ODEON : Les Ventres dorés, comédie en quatre actes, par M. Emile Fabre. — VAUDEVILLE : La Retraite, pièce en quatre actes de F. A. Beyerlein, traduite de l’allemand par MM. Rémon et Valentin.


Il faudrait beaucoup chercher, pour trouver un exemplaire d’humanité plus affligeant que celui dont Paul Scarron présenta jadis l’image lamentable. Depuis le temps où il fut atteint d’un mal que les médecins d’aujourd’hui expliquent peut-être, mais dont la médecine d’alors ne fut probablement pas tout à fait innocente, le pauvre diable ne cessa plus de souffrir. Les membres tordus par le rhumatisme, le corps replié et déjeté en forme de Z, vissé à sa chaise d’infirme, c’était un raccourci de la misère humaine. Toutefois, du naufrage de ses facultés physiques, l’infortuné avait sauvé son estomac, qui jusqu’au bout resta excellent : le plaisir de la mangeaille lui tint lieu de tous les autres et l’aida à prendre son mal en patience. Aussi bien il sut tirer parti de ses infirmités : il les étalait, il s’en servait comme d’une réclame ; il provoquait volontairement une curiosité qu’il s’entendait ensuite à monnayer en aumônes et profits divers. Il était gai d’une gaieté cynique, parodique et grossière ; cela, venant d’un homme qu’on savait ruiné dans son être physique, amusait par le contraste. Nos pères, qui n’étaient pas des plus délicats sur l’article de la plaisanterie, goûtaient fort ces contorsions, dont on ne savait au juste si elles étaient celles du rire ou de la douleur. Nous avons horreur aujourd’hui de cette souffrance qui bouffonne ; nous y voyons une sorte de profanation. Il est question quelque part dans Notre-Dame de Paris d’un « concours » de grimaces : Quasimodo,