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REVUE MUSICALE


THEATRE DE L’OPERA-COMIQUE : L’Enfant-Roi, comédie lyrique en cinq actes ; paroles d’Emile Zola, musique de M. Alfred Bruneau. — CONCERTS DE LA Société Philharmonique de Paris : Les quatuors de Beethoven et M. Joseph Joachim.


Des personnes peu familières avec le génie ou l’idéal d’Emile Zola ont seules pu croire, sur la foi du titre annoncé, que « l’Enfant-Roi » serait le petit Jésus ou le petit Louis XVII. Le dernier et posthume rejeton de l’auteur des Rougon-Macquart, c’est l’enfant en général et pour ainsi dire en soi ; l’Enfant, roi de la famille et de la maison. Il manque seul, cet enfant, au bonheur conjugal de François et de Madeleine Delagrange (successeurs des Labaume), un ménage de braves gens qui s’aiment passionnément — et vainement — depuis une quinzaine d’années. Soudain fondent sur eux les pires infortunes. Un billet anonyme dénonce à François la trahison de sa chère Madeleine. Il la suit et la surprend en effet ; mais ce n’est point un amant qu’elle avait : c’est un fils, né jadis, avant son mariage, de moins honnêtes et plus fécondes amours.

Alors, entre l’enfant et l’époux, l’époux désespéré somme l’épouse de choisir. L’enfant triomphe le premier et garde sa mère. Mais l’autre amour reprend bientôt l’avantage et ramène la femme au foyer. L’action est faite de ces vicissitudes et le dénouement consiste dans le pardon magnanime, enthousiaste même du mari, dans l’adoption, bien plus, dans l’apothéose de l’enfant, quel qu’il soit, d’où qu’il vienne, pourvu qu’il vienne enfin. « Il n’y a pas d’enfant de hasard, s’écrie le généreux époux. L’enfant n’est pas l’accident, il est tout, le fruit, la vie elle-même. » Et l’on sait bien que le fait de sa bâtardise n’est pas