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pénitens. Des confréries entretenaient et développaient les diverses dévotions catholiques, notamment celle du Saint-Sacrement. Des manuels étaient publiés à l’usage des laïques ou du clergé, pour les initier à cette vie religieuse. Les clergymen se faisaient honneur de reprendre le nom de prêtres ; plusieurs portaient la soutane et se faisaient tonsurer ; il n’était pas jusqu’au célibat ecclésiastique qui ne commençât à avoir ses adeptes : ceux-ci constituaient la section supérieure de l’Association de la Sainte-Croix. Le Church congress, tenu à York en 1866, était l’occasion d’une exposition d’art religieux, où de magnifiques ornemens d’église, chasubles, bandeaux d’autels, crosses, mitres, crucifix, images de saints, étaient offerts à la curiosité du clergé. L’évêque de Londres disait dans un de ses mandemens : « Il y a, parmi nous, des églises dans lesquelles les ornemens autour de la table de communion, les vêtemens, les attitudes et toute la manière d’être du clergé officiant rendent difficile, pour un étranger qui y entre, de savoir s’il est dans un lieu de culte catholique romain ou anglican[1]. » Jowett écrivait à un de ses amis, le 24 décembre 1865 : « Si vous vous promeniez dehors, vous seriez très surpris du changement qui s’est fait dans les églises de Londres ; il y a, en elles, une sorte de revival esthético-catholique[2]. » Sans doute les églises où se pratiquait un culte si nouveau étaient encore assez rares ; mais c’étaient les plus fréquentées, les plus en vue, les plus vivantes. De ce nombre, étaient presque toutes celles que de pieuses libéralités élevaient dans les quartiers jusque-là déshérités de Londres : telle entre autres la belle église de S. Alban, Holborn, qui venait d’être consacrée en 1863 et qui devait être, sous la direction de son vicar, le Révérend Mackonochie, le foyer le plus ardent du Ritualisme.

Dans les couvens de religieuses, sisterhoods, qui s’étaient fondés d’abord timidement en petit nombre, sous l’influence des premiers Tractariens, de Pusey notamment, et qui, depuis, s’étaient développés, le Ritualisme se manifestait plus hardiment encore[3]. Tout y était copié sur le modèle romain :

  1. Cité, en 1867, par Manning (Englancl and Christendom. Introduction, p. LV, LVI).
  2. Life and Letters of B. Jowell, t. I, p. 381.
  3. Voir la surprise indignée avec laquelle les adversaires du Ritualisme constatent le développement de ces couvens et la façon dont les pratiques romanistes s’y sont introduites. (Secret History of the Oxford Movement, par Walsh, p. 162 et sq.)