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onction pour les malades, messes pour les morts, vêtemens et ornemens romains, couvens de femmes. » Le collège théologique de Cuddesdon, sorte de séminaire fondé par Wilberforce, était signalé comme le foyer principal de cette infection romaine, et l’on y dénonçait plusieurs conversions au catholicisme[1]. Dans le clergé du diocèse, agité et divisé par ces polémiques, se signaient des adresses contradictoires. L’évêque se défendit de son mieux, contestant certains faits, en désavouant d’autres, et donnant à ses accusateurs ce gage de changer les directeurs du collège théologique[2].

Ce qui se passait à Londres avait naturellement plus de retentissement que les incidens de province. Tel fut notamment, en 1850, le cas du Révérend Bennett, que les Ritualistes honorent comme un de leurs premiers confesseurs et martyrs. Vicar de S.-Paul, Knightsbridge, il avait construit, dans un district de sa paroisse, l’église de S.-Barnabas, et y pratiquait un ritualisme très « avancé. » Lui disait-on qu’on n’avait trouvé, à Rome et à Paris, rien de plus que dans ses églises, il s’en félicitait comme d’un acheminement à l’unité. Quelque répugnance qu’eût l’évêque de Londres, qui était encore Blomfield, à s’en prendre à un ministre dont il appréciait le zèle pastoral, il lui adressa des représentations et blâma, dans un mandement, « ces continuels changemens d’attitude, ces fréquentes génuflexions, ces signes de croix, ces singularités d’habillement, ces décorations d’église, » qui tendaient à « rendre le service divin presque histrionic. » M. Bennett répondit qu’il ne pouvait rien changer à ses pratiques, tout en offrant de résigner ses fonctions, si l’évêque ne le jugeait plus digne d’avoir charge d’âmes dans son diocèse. Sur ces entrefaites, éclata la furieuse bourrasque de fanatisme protestant, soulevée par le Bref qui rétablissait la hiérarchie épiscopale en Angleterre. Lord John Russell lança sa lettre à l’évêque de Durham, où il dénonçait « l’agression papale » et la trahison, plus dangereuse encore, des Ritualistes, qualifiés de « fils indignes » de l’Église d’Angleterre. L’effet ne s’en fit pas attendre à S.-Barnabas. Plusieurs dimanches de suite, le mob assaillit les portes de l’église, interrompant le service divin par ses clameurs et ses sifflets. M. Bennett tint

  1. Life and Letters of H. P. Liddon, par Johnston, p. 43, 44.
  2. History of the Romeward Movement, p. 388 à 404, et Life of Samuel Wilberforce, par Reg. Wilberforce, t. II, p. 359 à 373, Life and Letters of Liddon, p. 30 à 48.