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mourir, peu après, des suites de ces émotions. Cette question du surplis parut d’ordre assez grave pour que le Times s’en emparât et envoyât un correspondant spécial à Exeter. Une pétition saisit la Chambre des lords, en mars 1845 ; l’évêque d’Exeter s’y défendit comme il put, mais un de ses collègues, l’évêque de Norwich, se déclara de cœur avec les agitateurs et proclama la nécessité de résister à toute innovation.


II

La conversion de Newman, en ruinant le Tractarianisme à Oxford, contribua à en modifier le caractère. Le Mouvement ne fut pas arrêté, mais, au lieu d’être concentré dans une élite de scholars, il se dispersa dans les presbytères d’Angleterre ; moins universitaire, il apparut plus paroissial. C’était fournir un terrain favorable aux innovations ritualistes. Celles-ci en effet, bien que n’étant encore que des incidens isolés, intermittens et non concertés, devinrent plus fréquentes. Ajoutons que l’opinion protestante en était d’autant plus choquée et irritée que les éclatantes « sécessions » de 1845 l’avaient mise davantage en éveil sur le péril romain.

Dans le diocèse de Chichester, c’est le Révérend Neale, tractarien prononcé, membre zélé de la Camden Society, qui est, de 1846 à 1848, aux prises avec son évêque. Celui-ci lui reproche « la friperie au moyen de laquelle il a transformé la simplicité de sa chapelle en une imitation des superstitions dégradantes d’une fausse Eglise. » Il prétend lui interdire toute fonction cléricale dans son ressort. La Cour des Arches, saisie, déclare Neale coupable d’offense ecclésiastique[1]. Dans le diocèse d’Oxford, l’évêque, qui est Wilberforce, n’était pas l’accusateur, mais l’accusé. On prétendait que, par complaisance, sinon par complicité, il laissait se répandre des pratiques romanisantes que le terrible Golightly, l’ancien dénonciateur de Newman, énumérait ainsi dans un pamphlet tapageur : « Confession auriculaire, croix d’autel et crucifix, processions, croix et bannières de procession, autels en pierre, l’hostie romaine, mélange de l’eau avec le vin dans l’Eucharistie, élévation des Elémens, génuflexion devant les Elémens, le prêtre faisant le signe de croix sur lui-même,

  1. History of the Romeward movement, p. 290 à 292.