de pierre sculptée, surmonté d’une croix, ainsi disposé « qu’il effaçait tout le reste, et qu’en entrant dans l’église on ne voyait que lui, » et aussi, dans la cérémonie même, de la part du célébrant, des attitudes et des gestes auxquels on n’était plus habitué. « Nous étions tous dans la crainte, ajoutait Rogers, de ce que pourrait dire l’évêque. » Ne trouverait-il pas tout cela papistical ? « Néanmoins, Sa Seigneurie fut très satisfaite et complimenteuse, et tout s’accomplit dans le plus grand style[1]. » Peu après, de 1842 à 1845, quand Pusey fit élever, à ses frais, dans un quartier populaire de Leeds, cette église de S. Saviour, qui devait être le théâtre de tant de conversions au catholicisme, il voulut également y avoir un véritable autel, et non une simple table, afin, disait-il, d’affirmer les vérités déniées ; l’évêque, cette fois, lit des objections et déclara qu’il ne consacrerait pas l’église si l’autel de pierre n’était pas remplacé par une table de bois[2].
De ces faits, il ne faudrait pas cependant conclure que les Tractariens donnassent alors, autour d’eux, le mot d’ordre du renouvellement du cérémonial et qu’ils dussent être considérés comme les initiateurs ou seulement les précurseurs de ce qu’on devait appeler le Ritualisme. Non. Ils auraient été plutôt disposés à blâmer ceux qui voulaient entreprendre prématurément ces changemens ou qui y attachaient une importance exagérée. Ils craignaient qu’on n’irritât ainsi le public ou les autorités et que, pour des questions de formes, après tout secondaires, on ne compromît le succès des doctrines essentielles. Ils se méfiaient surtout des esprits superficiels et frivoles qui s’amuseraient à ces apparences en négligeant les réalités, et auxquels une sorte de religiosité esthétique ferait oublier la nécessité des conversions intérieures. Telle était la façon de voir très arrêtée et très réfléchie de Newman et de Pusey. En 1839, Pusey s’adressant à un clergyman qui venait d’écrire un tract sur l’observance de la « Rubrique des Ornemens, » mettait en garde ses amis contre des singularités imprudentes ou peu sérieuses ; qu’on voulût embellir l’église et surtout l’autel, il le comprenait, à condition que cela pût se faire sans trop de difficultés ; mais il n’aimait guère qu’on se préoccupât d’embellir le vêtement du célébrant[3]. Les chefs du Mouvement donnaient, d’ailleurs,