de cette action nitrifiante qui s’opère dans la terre et qui fait passer à l’état d’azotates les composés ammoniacaux. Ils avaient attribué cette action non pas à une réaction chimique pure, mais à l’intervention d’un agent microbien. C’est cet agent que Winogradsky, en 1890, a isolé et cultivé dans le milieu purement minéral dont il vient d’être parlé. Les Allemands revendiquent cette découverte pour deux de leurs compatriotes, Hueppe et Haereus. Quoi qu’il en soit de ce débat de priorité, on sait qu’il existe toute une série d’organismes de ce genre, ou plutôt deux séries qui accomplissent en deux phases la nitrification du sol : dans une première phase, les micro-organismes ou fermens nitreux font passer les composés ammoniacaux à l’état d’azotites ; puis les fermens nitriques amènent ces composés à l’état d’azotates.
Ces fermens nitreux et nitrique exécutent la synthèse de la matière organique qui les constitue au moyen de l’énergie libérée par l’oxydation de l’ammoniaque. C’est là une deuxième source d’énergie insoupçonnée pendant longtemps. On ne connaissait, comme puissance organisatrice de la vie, que l’énergie solaire agissant sur la plante verte. Ces remarquables études des fermens nitrifians en ont révélé une autre. Cette nouvelle puissance synthétisante de la matière vivante offre un développement universel. Les fermens nitrifians sont en effet disséminés à la surface du globe dans toutes les terres végétales : M. Müntz les a rencontrés sur les rochers des pays de montagne, dans les Pyrénées, les Vosges et les Alpes : dans les parties désagrégées, dans les masses friables et fissurées, et, par exemple, dans les schistes formant les roches pourries de l’Oberland bernois. L’extension de ces organismes est immense. On se trouve véritablement en présence d’une opération qui a l’ampleur d’un mécanisme naturel. De plus, on doit ranger dans le même type que les fermens nitrifians toute une série d’agens qui oxydent d’autres substances que l’ammoniaque, tels que les sulfo-bactéries, qui oxydent le soufre, et les ferro-bactéries, qui oxydent les sels ferreux. Les fermens nitrifians et les organismes analogues partagent donc avec les leucites chlorophylliens le privilège d’organiser, par voie de complication chimique ascendante le protoplasma vivant qui occupe le sommet de l’échelle des synthèses.
Quant à la plante verte, elle utilise le plus souvent l’azote des azotates existant dans le sol : c’est le cas des céréales. L’énergie employée à cette synthèse concomitante de la synthèse des