Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 26.djvu/709

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


IV

L’existence des êtres vivans, en tant qu’elle utilise ces composés nécessaires, hydrates de carbone et graisses, est subordonnée à la présence dans le milieu minéral de l’acide carbonique et de l’eau. La vie n’est apparue à la surface du globe refroidi que le jour où, au-dessus des eaux, l’acide carbonique a coexisté dans l’atmosphère avec l’oxygène. Elle disparaîtrait si ces gaz venaient à faire défaut ; leur permanence en nature et en quantité dans l’atmosphère devient une condition de la permanence du monde vivant actuel.

Cette permanence est-elle assurée ? C’est là, une question extrêmement importante au point de vue de la philosophie naturelle. Elle ne peut être résolue que par le concours de plusieurs sciences, et, par exemple, de la biologie, de la chimie et de la géologie. Nous ne l’envisagerons pas dans toute son ampleur. Il faudrait successivement considérer tous les élémens qui appartiennent au monde minéral et dont le monde vivant a besoin. Nous n’en considérerons ici qu’un seul, l’acide carbonique, dont la proportion dans l’atmosphère est d’environ quatre dix millièmes. En ce qui concerne les autres, nous renvoyons notre lecteur au magistral exposé que M. Lambling, le savant professeur de Lille, a fait de ce sujet, il y a quelques années, dans l’Encyclopédie chimique.

Nous nous demanderons seulement si les causes de disparition et les causes de production de l’acide carbonique s’équilibrent aussi exactement qu’on le croit. Le fondement de cette croyance est, en effet, dans des mesures qui ne remontent pas au-delà d’un siècle.

Avant d’en venir à ce point, il faut observer d’abord que la permanence des proportions de l’acide carbonique dans l’atmosphère est réalisée par la réserve de ce gaz qui existe dans les eaux douces et salées. Il s’y trouve à l’état de bicarbonate de chaux, combinaison facilement dissociable en acide carbonique et carbonate de chaux. M. Schlœsing a montré, il y a quelque vingt-cinq ou trente ans, que l’eau de mer contient une masse de gaz carbonique dix fois supérieure à celle de l’air. C’est cette masse qui règle par échange la teneur de l’atmosphère. La proportion de gaz carbonique diminue-t-elle dans l’atmosphère ?