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temps aussi court, n’ont été comparables à ceux du commerce extérieur chinois durant les huit années écoulées entre 1895 et 1903. Il est d’ailleurs bien peu de pays dont les échanges puissent témoigner d’un développement aussi rapide.

Non seulement le commerce s’est fort étendu, mais il s’est diversifié. Ce sont toujours les soies et soieries qui tiennent la tête parmi les exportations, avec 74 millions de taëls, en 1903, au lieu de 50 millions, en 1895, et le thé vient ensuite, ayant fléchi encore pour les raisons que nous avons dites, avec 26 millions au lieu de 32 ; mais l’ensemble de ces deux articles ne forme plus que la moitié des ventes de la Chine au dehors, au lieu de près des trois cinquièmes huit ans auparavant. L’exportation du coton brut a peu augmenté et n’est que de 13 millions de taëls au lieu de 11 millions ; mais c’est une cause particulière et toute transitoire qui a nui à ses progrès : le prix élevé des cotonnades, dû à l’énorme hausse subie par le coton américain et à la faiblesse du change, poussait les Chinois à garder leur coton par devers eux pour le filer et le tisser eux-mêmes. Ce qui s’est énormément accru, c’est l’exportation de fèves et gâteaux de fèves qui atteint, en 1903, près de 11 millions de taëls, celle des peaux et des fourrures, plus de 10 millions de taëls, celle des nattes, plus de 5 millions, des huiles et sésames, 5 millions et demi, du papier, 3 millions et demi, sans parler d’une foule de produits accessoires.

Si elle vend à l’étranger beaucoup plus que naguère, la Chine lui achète surtout infiniment davantage, et, de ce côté encore, il s’est créé des courans d’échange nouveaux, en même temps que se développaient les anciens. La valeur des cotonnades importées a passé, en huit ans, de 53 à 128 millions de taëls ; celle de l’opium a malheureusement fort augmenté aussi, puisqu’elle est de 44 millions de taëls, en 1903, contre 29 millions, en 1895. Les importations de métaux, de pétrole et de sucre ont un peu plus que doublé, s’élevant de 7 millions de taëls pour chacun de ces articles à quinze, quinze et demi et seize. Il entre maintenant dans les ports chinois pour 8 millions et demi de taëls de charbon, pour 8 millions de matériel de chemins de fer, catégorie d’importations à peu près inconnue en 1895, pour 2 millions de machines. Ce sont là des signes du temps.

On a le droit, en présence de ces chiffres, de trouver exagérées les doléances que l’on entend fréquemment sur la