et de la comtesse d’Albon. » Plus loin encore, elle l’appelle en passant « la nièce bâtarde de Mme du Deffand[1]. » On sait que cette dernière se nommait, de son nom de fille, Marie de Vichy-Champrond. On lui connaît deux frères[2] : l’un, beaucoup plus jeune qu’elle, entra de bonne heure dans les ordres, et mourut chanoine-trésorier de la Sainte-Chapelle à Paris ; l’autre, Gaspard de Vichy, né à Champrond en l’an 1695, était son aîné de deux ans ; c’est de celui-là seul qu’il peut être question.
La famille des comtes de Vichy, de bonne et vieille noblesse, établie de longue date dans le Forez et dans le Maçonnais, parmi beaucoup de belles alliances en comptait une récente avec les d’Albon, leurs voisins. En 1630, Hilaire d’Albon[3]s’était mariée au comte Gaspard de Vichy, bisaïeul de celui dont je viens de citer le nom. Par suite de cette parenté proche et de la proximité de leurs résidences respectives, les relations étaient fréquentes entre les deux familles ; et l’on imagine aisément qu’étant cousins, voisins et tous deux du’ même âge, Julie d’Albon et Gaspard de Vichy eussent eu de nombreuses occasions de se connaître et de se lier. Il est vrai que Gaspard, entré à vingt ans au service, employé dans toutes les campagnes de la première moitié du règne de Louis XV, était souvent au loin, à la guerre ou en garnison ; mais justement, à l’époque de la crise qui bouleversa l’existence de la comtesse d’Albon, de 1727 à 1733, les loisirs d’une période de paix le rapprochèrent des siens et facilitèrent la liaison que révèle sans détour Mme de la Ferté-Imbault.
Toutefois, malgré le témoignage réitéré de la fille de Mme Geoffrin, le doute serait encore permis, si de sérieux indices ne venaient à l’appui de cette affirmation. D’abord ainsi se justifient le singulier et subit intérêt que Mme du Deffand prendra, dès la première rencontre, à cette jeune fille mise sur sa route par le hasard d’une brève villégiature, l’ardeur qu’elle déploiera, malgré toutes les oppositions, pour l’entraîner à Paris auprès d’elle, le pied d’égalité sur lequel, du jour au lendemain, elle l’établira sous son toit, le soin jaloux avec lequel elle évitera toute