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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



14 mars.


La situation de notre ministère est difficile. Il s’est donné pour tâche de continuer la politique de son prédécesseur avec d’autres procédés de gouvernement et avec une majorité élargie. Le problème pour lui est de conserver la majorité de M. Combes et d’y ajouter quelques élémens modérés, ce qui le conduit naturellement à pratiquer une politique de bascule et à donner, tantôt à un parti, tantôt à l’autre, une demi-satisfaction. Quant à donner à aucun une satisfaction pleine et entière, il n’y songe même pas. Le malheur est qu’à ce jeu, il s’expose à mécontenter un jour tout le monde. Quelle que soit son habileté, il est exposé à accrocher aujourd’hui à droite ou demain à gauche, et il en sera ainsi jusqu’au moment où, après un certain nombre d’oscillations, il aura enfin trouvé un équilibre stable. Mais ce moment viendra-t-il jamais ?

Le ministère s’est montré, en diverses circonstances, animé de bonnes intentions, et il a pris quelques bonnes mesures. La disgrâce du général Peigné et la radiation du commandant Bégnicourt des cadres de la Légion d’honneur ont soulagé la conscience publique. Mais évidemment cela ne suffit pas : il y a aussi des réparations à opérer. M. le général André a cassé et brisé à tort et à travers suivant les indications des fiches maçonniques : si on ne peut pas relever de leur chute toutes ses victimes, il faut au moins en relever quelques-unes. Le cas de M. le général Tournier était particulièrement intéressant. Nous l’avons exposé autrefois avec toutes les circonstances qui en déterminaient le caractère, mais peut-être n’avons-nous pas été très bien compris. Le système de délation qui sévissait déjà sur l’armée n’était connu alors que de quelques personnes, et, lorsqu’on en par-