Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 26.djvu/430

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LES
GRÈVES POLITIQUES


De grandes grèves à visées politiques se sont produites, ces dernières années, parmi les ouvriers de la grande industrie, en Belgique, en Suède, en Espagne, en Italie, et troublent profondément la Russie à l’heure présente. C’est là une tactique, un moyen de combat des classes urbaines, né de circonstances nouvelles, de l’agglomération des travailleurs dans les usines, de la facilité d’entente et d’action ménagée par la rapidité des moyens de communication, de l’architecture des grandes villes percées de larges avenues, des armes perfectionnées entre les mains des soldats, qui relèguent au musée des antiques les piques et les pavés des insurrections et des barricades. En arrêtant le travail, non pas de toutes les industries, ce qui est impossible, mais des plus importantes, les ouvriers suspendent la vie sociale, essaient d’intimider les pouvoirs publics, de déplacer la souveraineté, et se flattent même, par ce moyen, de transformer la société.

C’est pourquoi les discussions sur le fonctionnement, la portée, l’efficacité de la grève générale, deviennent de plus en plus fréquentes parmi les socialistes. Leurs Congrès d’une part et les Congrès corporatifs de l’autre prennent à ce sujet les décisions les plus opposées, du moins en France. Une revue socialiste[1]vient de clore une vaste et confuse enquête sur la question.

  1. Le Mouvement socialiste.