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crée pour l’Église catholique une autre série de difficultés ; elle coudoie la Réforme, elle coudoie des sectes ; et le parlement de Francfort vient de voter l’égalité politique de toutes les confessions ; il importe que l’Église, parmi cette mosaïque religieuse, compose son attitude, règle sa conduite, ordonne sa vie ; aux évêques, encore, d’y pourvoir. Ce n’est pas tout : dans l’Église elle-même, des nouveautés ont surgi. Les laïques ont senti qu’un rôle les attend ; ils ont montré, dans les assemblées parlementaires, dans la presse, dans les associations, l’intérêt qu’ils prennent aux questions religieuses. Il serait messéant qu’à leur éveil, l’épiscopat répondît par un assoupissement, qu’il accueillît leur action par un silence ; il doit au contraire envisager les moyens de les associer intimement à la vie de l’Église, à l’administration de ses biens, à la police de la communauté chrétienne.

L’éveil du petit clergé, pareillement, mérite attention. Avec une grande sûreté de plume, une grande équité de jugement, Geissel observe les divers courans qui se dessinent en faveur d’une résurrection des synodes : les uns y voient une commodité pour lutter contre la bureaucratie de l’État, les autres un moyen d’introduire la démagogie dans l’Église. Quelques troubles qu’en soient les causes, on ne peut passer outre à une telle agitation : un devoir s’impose aux évêques. Ils doivent, en commun, prendre des décisions qui serviront de point de départ pour les synodes diocésains, de règle pour leur fonctionnement ; c’est en avisant à des réformes, qu’ils convaincront l’opinion catholique que les réformes doivent venir d’en haut, non d’en bas. Leur propre situation bénéficiera d’un sérieux échange de vues ; un terme sera mis à leur isolement, tant en face de l’État qu’en face des élémens frondeurs qu’ils peuvent rencontrer dans le clergé. Enfin, — et voici la dernière réflexion sur laquelle insiste Geissel — les évêques trouveront, dans leur rencontre même, l’occasion d’un hommage au Saint-Siège : ils s’uniront entre eux en s’unissant à lui, tâcheront d’organiser à Rome une représentation permanente des intérêts de l’église allemande, et soumettront au Pape leurs décisions, afin de sceller l’alliance de l’épiscopat germanique avec le Père commun des fidèles et d’attester la filiation de l’Église d’Allemagne à l’endroit du Siège apostolique. Bref, les relations avec l’État, avec les autres confessions, avec les laïques, avec le clergé réformiste, avec le Saint-Siège,