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sans diviser ses adhérens et sans compromettre le but de l’institution ecclésiastique. Le catholique comme tel ne peut entrer dans aucune combinaison de parti politique, dans aucune rivalité avec les enfans du siècle. Des associations catholiques doivent se tenir au-dessus des partis politiques, et non point former des partis politiques ; elles doivent travailler à clore les discordes existantes, non point à en créer de nouvelles.


On ne saurait mieux résumer l’attitude des catholiques au parlement de Francfort. Des questions innombrables surgissaient ; la constitution même de l’Allemagne était en jeu : on ne sentit point, se dessiner, encore, à ce sujet, une opinion catholique. Il y avait évidemment, parmi les députés de cette croyance, une majorité de partisans de la Grande Allemagne (Grossdeutsch), hostiles à toute mesure qui excluait l’Autriche du Corps Germanique et qui risquait, par là même, d’assurer à l’élément protestant la prépondérance dans une Allemagne rajeunie ; mais, à côté de cette majorité, Radowitz, qui présidait aux discussions religieuses de tous ses collègues catholiques, travaillait ouvertement pour Frédéric-Guillaume IV. C’est plus tard seulement, lorsque se rapprochera l’éventualité d’un empire prussien protestant, qu’on pourra distinguer une conception catholique et une conception protestante des questions politiques allemandes ; en 1848, cette discorde d’idées, qui, dans l’Empire évangélique nouvellement proclamé, servira de prétexte au Culturkampf, n’était pas encore mûre.

Il n’y eut jamais, à Francfort non plus qu’à Berlin, malgré le désir qu’en avaient Ketteler et quelques autres députés, un parti nommément catholique ; et ce qu’on baptisa parfois de ce terme, ce fut une réunion de députés, convoqués par l’initiative du prince évêque Diepenbrock, et qui pendant quelques mois, à partir du 14 juin, sous la présidence de Radowitz et la vice-présidence d’Auguste Reichensperger, étudièrent en commun les questions religieuses soumises aux discussions de l’assemblée.


III

Le temps était loin où, dans la protestante ville de Francfort, un catholique ne pouvait même pas arriver aux fonctions de veilleur de nuit ; où la famille Schlosser, de bonne lignée bourgeoise alliée à celle de Goethe, était, pour crime de conversion à la foi romaine, exclue du sénat francfortois. La destinée