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programme catholique ; les électeurs se préoccupèrent simplement d’envoyer à Francfort et à Berlin des hommes de bonne volonté, prêtres ou laïques, aimés au fond de leurs campagnes ou dans l’enceinte de leurs petites villes, et désignés, bien souvent, par le curé doyen.

A la Chambre de Berlin, qui ouvrit ses séances le 22 mai, il y avait deux prélats, Geissel, de Cologne, et Drepper, de Paderborn, trente-neuf prêtres et un certain nombre de catholiques laïques. On ne forma pas un parti confessionnel : Berg, un chapelain d’idées avancées, qui appartenait à l’archidiocèse de Cologne, siégeait à gauche ; Walter, le canoniste de Bonn, au centre gauche ; Pierre Reichensperger, plus à droite ; Geissel, l’archevêque, se tenait à l’écart de toute fraction. Les Mémoires de Walter et de Pierre Reichensperger laissent une assez complexe impression de l’attitude des catholiques dans la Chambre berlinoise : à certains jours, on parlait d’un rapprochement entre eux et les républicains ; d’autres fois, ils entraient en compromis avec les constitutionnels pour la formation du bureau de l’assemblée. Pierre Reichensperger affectait un loyalisme si scrupuleux, qu’il fut choisi par Frédéric-Guillaume pour aller à Francfort, à l’automne, expliquer la conduite de la monarchie à l’endroit de la Chambre, et qu’il fut ensuite chargé par le ministre Manteuffel d’écrire une apologie de la politique royale, en réponse à un opuscule hostile de Rodbertus. Aux heures tumultueuses, tous les catholiques du pays Rhénan et de la Westphalie, à l’exception du chapelain Berg, votèrent comme le voulait la couronne ; mais cela n’empêchait pas certains d’entre eux de vivre en excellente cordialité avec des démocrates tels que Waldeck, et de gagner ainsi, parmi les partis de gauche, quelques sympathies actives pour la cause de la liberté de l’Église.

Au parlement de Francfort, trois évêques siégeaient : Müller, de Münster, Diepenbrock, de Breslau, Geritz, d’Ermeland. Müller avait longuement hésité à se laisser élire ; il se rendit compte, lorsque, à la première séance, il essaya de faire décréter des prières publiques, que sa parole épiscopale était comme dépaysée. Geissel lui proposa, le 21 mai, de faire voter par le parlement la formule suivante :

Liberté de la foi et de la pratique religieuse privée et publique ; indépendance complète de toutes les sociétés religieuses à l’endroit de l’État, en tout ce qui concerne leur constitution garantie et protégée, leur